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Critique de drichard


Cela commence comme un gentil roman de vacances : un bel hôtel directement au bord du Grand Canyon, une clientèle internationale et plutôt chic qui visite, se croise dans et autour de l'hôtel, entretient une conversation souvent futile, flirte à l'occasion et se retrouve le soir pour boire des cocktails, danser, se divertir comme des touristes normaux…
Mais très vite cette image idyllique se brouille car nous sommes en 1942, donc en pleine guerre mondiale, mais dans une version différente de celle que nous connaissons car ici, les Nazis sont vainqueurs et maîtres de toute l'Europe, signant même une paix trompeuse avec les USA, et ces touristes internationaux ne sont que des réfugiés « de luxe » chassés du vieux continent qui illustrent par leur insouciance aveugle l'expression «marcher au bord du gouffre » sans trop s'inquiéter de tous ces soldats qui se rassemblent de plus en plus nombreux de l'autre côté du Canyon !
Finalement tout bascule quand les Nazis qui dominent déjà le Mexique et le Canada lancent l'attaque finale contre les USA, obligeant notre concentré d'humanité à fuir et à s'établir au fond du Grand Canyon pour continuer à vivre presque mieux qu'avant, en maintenant à distance les affrontements guerriers, suivis à la radio, où entrevus ponctuellement dans le ciel au dessus d'eux !
Grand Canyon est un roman original par sa modernité car, écrit en 1942, il ose prévenir d'une autre issue à l'histoire de la IIe guerre mondiale, mais surtout, réédité en 2022, il résonne également avec le retour de la guerre en Europe, de sa violence aveugle et de ses déplacements de populations.
Il est aussi un roman étrange par le caractère « décalé » des deux protagonistes principaux qui ayant connu la guerre en Angleterre et la subissant à nouveau aux USA ne semblent plus avoir comme seule volonté que d'observer, disséquer, analyser les événements, les attitudes, leurs sentiments personnels et ceux des personnes qui les entourent dans des dialogues sans fin, cyniques ou désabusés comme si ce monde violent ne les concernait plus dans le Jardin d'Éden où ils vivent dorénavant.
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