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Critique de domi_troizarsouilles


Quand j'ai vu ce livre dans le catalogue virtuel de la bibliothèque, j'ai aussitôt craqué : la couverture est vraiment magnifique ! Je ne me suis rendu compte que plus tard, que c'est un livre estampillé « Jeunesse », et indéniablement il l'est… beaucoup… En outre, on nous propose là un 4e de couverture bien vendeur, mais qui s'avérera surtout racoleur !
On est bien davantage dans un récit qui s'apparenterait à un joli conte, où il y a forcément des méchants… mais les gentils sont très gentils, et au final tout est bien qui finit bien. En tout cas, je cherche encore en quoi la jeune Amal « doit lutter pour sa survie » et en quoi « elle ne se laisse pas abattre » puis finalement « amorce un combat » !

Certes, ce livre aborde quelques thématiques dures : l'analphabétisme de tant de jeunes filles et femmes au Pakistan, le « drame » pour ces familles quand elles n'ont que des filles mais pas de fils, et la toute-puissance de certaines familles riches dominant ainsi plusieurs villages façon féodale. On sent assez bien tout le désespoir et l'indignation d'Amal, 12 ans… mais jamais au point de faire pleurer dans les chaumières. J'ai le sentiment que l'autrice est restée trop « en surface » des choses. Peut-être voulait-elle épargner ses jeunes lecteurs ?
Pour ma part, je ne demande pas non plus un livre glauque et déprimant, mais ici, malgré les thèmes abordés, ça garde un petit côté « bisounours » qui, dès lors, ne parvient pas à accrocher la lectrice adulte que je suis. En effet, l'autrice parle des divers soucis d'Amal ; elle nous convie à accompagner la jeune fille dans cette vie qu'elle ne dirige pas vraiment, malgré ses rêves… Mais peut-être le ton reste-t-il trop optimiste ? Bref, parler de « lutter pour sa survie » est clairement excessif, à aucun moment ce livre ne suscite de vraie émotion, même s'il garde un côté touchant.

Pour le reste, oui la jeune Amal est forte, mais elle n'est pas exceptionnelle non plus – ce que l'autrice ne cherchait pas forcément à vrai dire, ce n'est pas clair, mais c'est bien ce que le 4e de couverture nous a vendu ! Disons qu'Amal a, comme je mentionnais brièvement plus haut, une certaine capacité d'indignation, probablement liée au fait qu'elle a pu aller à l'école, qu'elle a donc un minimum d'éducation. Et au passage on touche du doigt cet analphabétisme au féminin, mais à nouveau, comme les autres thèmes du livre, c'est fait de façon un peu trop « superficielle » Oui c'est plein d'espoir, mais la réalité pour ces filles et femmes pakistanaises est-elle vraiment si simple, qu'il suffise d'un coup de crayon magique pour que tout soit résolu ?...
Et donc, oui Amal est forte disais-je donc, mais oui aussi elle va se laisser abattre – pourquoi masquer ses larmes que l'autrice relève pourtant ? Quant à ce fameux combat qu'elle amorce, il n'arrive qu'à la toute fin du livre, et n'est rien d'autre qu'un concours de circonstances assez exceptionnel et improbable, dont elle va certes saisir toute l'opportunité, et alors en effet il lui en aura fallu du courage pour « oser », vu le contexte, je suis bien d'accord ! Sauf que le synopsis laissait entendre un combat plus marqué, plus affirmé, et qui aurait eu plus d'importance dans le livre, ce qui n'est donc pas du tout le cas !

Détachons-nous de ce 4e de couverture et plongeons davantage dans le livre même : l'autrice a bien réussi à rendre l'ambiance d'un petit village du Pakistan, avec ses poules qui picorent dans une cour un peu trop sèche, les couleurs des vêtements et des épices sur le marché, tous ces fruits juteux qu'on ne trouve pas chez nous (ah les mangues !), les familles nombreuses où on se dispute sans s'écouter vraiment mais où on se sent tellement bien finalement, etc. C'est tout un univers, différent du nôtre et en même temps pas tant que ça, traité d'une façon qui montre que, malgré toutes les différences avec notre monde occidental, les préoccupations des enfants sont bien les mêmes : aller à l'école et se créer un avenir… même si, là-bas, c'est tout de suite plus compliqué, surtout pour les filles.
Le style de l'autrice est simple et fluide, en tout cas très abordable et sans grande recherche, à la limite du gnangnan parfois – comme je disais plus haut : il est assez proche de ce qu'on attendrait dans un conte de fées, mais pas dans un récit qui raconte un « combat » ! On s'attache aux personnages mais pas follement – un peu comme on s'approcherait d'autres enfants dans une cour de récréation, et on veut bien partager quelques jeux avec eux, mais pas notre goûter car ils ne nous émeuvent pas suffisamment.

Je pense sincèrement que ce livre est intéressant, mais surtout, il manque cruellement de profondeur, même pour le jeune public auquel il est destiné en théorie : le site de Seuil Jeunesse indique 9-12 ans, tandis que le géant Amazon marque 6-9 ans… Mais, que ce soit l'un ou l'autre, j'ai le sentiment que ça ne peut pas tout à fait marcher. Si je pense à mes enfants en tout cas : je ne suis pas certaine du tout qu'il trouverait écho chez ma fille (12 ans et demi), qui serait d'ores et déjà plus sensible à un documentaire plus réaliste ; quand à mon plus jeune (bientôt 9 ans), il serait peut-être quelque peu indigné… mais de toute façon il ne regarderait même pas ce livre ! C'est que ce jeune homme n'est pas grand lecteur ; or, n'oublions pas non plus que ce livre se présente comme une briquette de presque 300 pages, sans aucune illustration à l'intérieur – ce qui est même dommage, vu la qualité de la couverture ! il y aurait eu moyen d'illustrer les choses fort joliment ! C'est définitivement rédhibitoire pour ce public-là.
Ainsi, que ce soit à cause de mon attente déçue par le fait que le contenu de ce livre ne correspondait pas aux promesses de son 4e de couverture, ou tout simplement parce que l'autrice aborde des thématiques dures sur un ton trop gentil, je suis réellement passée « à côté » de ce roman jeunesse.
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