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Critique de KotolineBastacosi


La femme lapidée" n'est pas un roman, il faut bien le préciser, mais le récit d'une histoire vraie que raconte Freidoune Sahebjam. On lit d'une seule traite, connaissant la fin de l'histoire grâce au titre, mais non pas les raisons de cette lapidation, qui ne sont rapportées qu'au milieu du livre. Faut-il les préciser ? Quatre hommes s'unissent contre la malheureuse Soraya, pour l'accuser d'adultère. Nous ne dévoilerons pas l'identité de tous ces individus. Mais il faut quatre hommes témoins de l'adultère, pour condamner une femme à la lapidation, « là-bas ».

Soraya ne sait pas se défendre. Les hommes sont particulièrement répugnants aussi bien le mari, homme violent et cupide que ses fils aînés, qui lapideront leur propre mère ; quant au maire du village, homme déchu, il ne fait qu'obéir à la toute-puissance d'un mollah qui prêche la parole d'Allah, pour s'attirer la bienveillance des villageois et assurer sa notoriété et se venger du refus de la condamnée, quand il lui avait fait des avances.

La figure de la tante de Soraya, femme de bon sens qui se rend compte de la folie des hommes du village et de la population tout entière, qui aime sa nièce, devient son dernier refuge et sa douleur, muette, est saisissante. Des détails sur le corps mutilé, qui n'aura pas droit à la sépulture, sont encore un sujet de réflexions douloureux pour le lecteur aussi bien que pour cette tante qui a été longtemps une figure importante, dans ce petit pays perdu dans les montagnes.

Un livre cynique et cruel, où le lecteur verse sans doute des larmes de compassion et d'impuissance, face à l'imbécillité des coutumes et à la perversité d'un homme qui n'a trouvé que ce moyen pour se débarrasser d'une innocente, afin de profiter d'autres femmes.

Quant à cette épouse « ignoble », elle a pour seuls torts d'avoir mis au monde des enfants, d'avoir été fidèle et généreuse, et supporté menaces, coups et injures d'un mari volage et pervers.

Un style clair, sans emphase, lapidaire devrait-on dire. Après cette lecture, on ne peut plus regarder une pierre comme on avait coutume de la regarder auparavant, avec indifférence...

Un récit qui ne pourra jamais s'oublier des mémoires des hommes.
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