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Critique de le_Bison


Japon médiéval, ère Genroku (1688-1704). An VI, Ihara Saikaku décède d'une longue maladie. La même année, son disciple et exécuteur testamentaire, Hôjô Dansuï, compile ce subtil recueil de nouvelles : La lune de ce monde flottant. Une oeuvre posthume, en somme... Mais cette oeuvre aurait-elle été telle qu'elle nous apparaît maintenant si Saikaku n'avait pas été terrassé par la maladie et la mort. Il apparaît évident que Dansui s'est permis quelques droits sur le choix des textes et sur les préfaces présentées sur l'original. Cependant, par ces quelques dernières nouvelles et de l'avis de nombreux critiques, le romancier semble avoir atteint le sommet de son art, en s'intéressant littérairement aux « marges », aux « bannis » de sa société contemporaine acculés dans ses derniers retranchements.

Le motif central de ces récits : les courtisanes. Sentant le regard pervers et lubrique de certains lecteurs, je stoppe net leur imagination fertile et libidineuse. « Passez votre chemin s'il n'y a que le sexe dans la vie qui vous intéresse », leur dis-je ! Aucun récit érotique, aucun sujet immoral, ces nouvelles sont pure noblesse.

Certes, Saikaku nous navigue dans les lieux de plaisir, nous transporte dans les maisons de divertissement, à prendre le thé ou le saké. Mais le plaisir s'arrête là parce que l'auteur s'intéresse plus à la misère qui entoure ces lieux de débauche, au mensonge qui y est instauré, à la hiérarchisation sociale des courtisanes répertoriées en castes bien distinctes, à la destinée finale de ces amateurs de plaisir.

Des marchands et fils de marchands dépensent leur fortune pour entretenir une (des) courtisane(s). Tant, qu'au bout d'un moment, leur fortune se retrouve totalement dilapidée. Et que reste-t-il donc à ces marchands, au bord de la misère ? Ils se retrouvent poussés à l'écart, mis en marge de la société, rejetés de tous devant cet incompréhensible pauvreté. Seul et irrémédiablement perdu et honteux...Saikaku se place du coté du misérable marchand, perdu dans ce monde de luxure, il dissèque les relations entre lui et les courtisanes, entre lui et les autres. le « paraître » a toute son importance dans cette époque où montrer son luxe et sa générosité est gage de pouvoir et de raffinement. Et plus on s'enfonce dans ce monde, plus les apparences deviennent difficiles à dépasser, et plus la misère vous guette, et plus la solitude vous fait perdre totalement espoir. Et si plus d'espoir...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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