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Critique de maripole


La vie secrète des couleurs, ou des 75 nuances retenues ici, flirte avec la biographie condensée et le portrait de caractère. Certaines sont des couleurs d'artistes, d'autres sont utilisées en teinturerie, certaines s'apparentent presque davantage à des idées ou à des créations socioculturelles. Certaines nous enchantent, d'autres un peu moins, aucune ne vous laisse indifférent. David Hockney pense, quant à lui, qu'il n'y a pas de couleurs rebutantes.
Cet ouvrage a tout pour satisfaire votre curiosité.
Vos préjugés seront bousculés. Vous aimez le rose et pensez que c'est pour les filles et que le bleu c'est pour les garçons. Eh bien, il y a à peine quelques générations, la situation était différente. Selon le New York Times en 1893, « il faut toujours mettre du rose à un garçon et du bleu à une fille ». Car l'avenir des garçons est bien plus rose que celui des filles, dont le bleu ‘layette' exprime déjà les fades perspectives de la vie d'une femme en ce monde. « le rose est plus affirmé, plus décidé, tandis que le bleu est plus délicat, plus raffiné », selon une autre publication datant de 1918. Et l'auteur rajoute qu'au Moyen Age déjà, « le rose était réservé aux hommes, car considéré comme une nuance de rouge clair, couleur associée à l'agressivité et la virilité ».

Pour rester dans les symboles, Kassia St Clair invoque le Jaune Impérial, comme illustration du privilège, car réservé exclusivement aux puissants de la Cité Interdite.
L'orange (que Kandisky traduit comme un rouge humanisé par le jaune) est signe de confiance, d'urgence, d'action, de vitalité et de modernité. Pas étonnant alors, que cette couleur soit utilisée par maintes sociétés commerciales, voulant rivaliser de dynamisme et recherchant la visibilité.
La couleur comme vecteur de communication professionnelle bien sûr, mais aussi religieuse ou politique. On pensera tout naturellement aux révolutions ‘colorées' récents.
On sait que les recherches scientifiques peuvent quelquefois aboutir à des résultats fortuits et surprenants. Telle la découverte de la couleur mauve dans l'étude de la malaria.
Quant au Jaune Indien, il possède une belle luminosité, mais son histoire est obscure, déplore l'auteure. Utilisé par de nombreux peintres du Rajasthan et du Pahari aux XVII et XVIII siècles, personne ne sait d'où vient ce pigment. Il fait partie des nombreux produits rendus disponibles par le développement du commerce de l'Empire Britannique avec le sous-continent Indien. S'en suit une chronique renseignée, qui nous fait traverser les mers et les époques.
La couleur, comme marqueur social ? Goethe, en 1810, aurait déclaré que » les nations sauvages, les gens sans éducation et les enfants ont une grande prédilection pour les couleurs vives »…
Cet ouvrage est une moisson d'informations de toutes natures, de références, de citations. Doté d'une bibliographie très généreuse, très détaillée, vous le parcourrez comme un livre d'Histoire et d'histoires.
Merci à Babelio et aux Editions du Chêne pour cette merveilleuse épopée à travers les siècles, les mers, les cultures.
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