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Critique de marina53


Voilà des années que Dick Wilson a quitté les terres de son père. Sans se retourner. C'est à bord, aujourd'hui, d'une belle voiture jaune, rutilante, aux pare-chocs chromés, qu'il se présente à la femme, méfiante, qui l'observe depuis le perron. Elle n'a pas reconnu en l'homme impeccablement mis, bien bâti, grand, la lèvre ornée d'une élégante moustache et la tête parée d'un superbe chapeau blanc, le petit Dickie avec qui elle jouait gamine. Lui ne s'attendait pas à tomber nez à nez sur son amie, Annie Mae, devant la maison de son père. Ni d'apprendre que l'enfant, collée à ses jupons, n'est autre que la fille de Samuel Wilson, autrement dit sa petite soeur. Pourquoi revenir aujourd'hui sur ces terres arides, soumises à de terribles tornades ? Pourquoi acheter le terrain jouxtant celui de son paternel alors que Dick Wilson semble avoir réussi ? Pour se venger ? Pour l'or noir ? Pour le coeur d'Annie Mae ?

Lionel Salaün nous plonge dans l'Oklahoma des années 30, quelques jours avant le Black Sunday. L'on ressent, dès les premières pages, la chaleur écrasante et suffocante, le soleil qui ravage les cultures et assomme les hommes. Au coeur de ces terres hostiles vit Samuel Wilson qui, entêté, s'acharne à cultiver ses plants de tabac. le retour de son fils, Dick, sur qui il semblait avoir définitivement fait une croix, est aussi inattendu que malvenu. Un retour que l'on devine vengeur tant les deux hommes semblent se mépriser. L'auteur dévoile ainsi, au gré des souvenirs, les raisons de la fuite de Dick. Ce roman, âpre, d'une rare intensité, nous immerge avec force au coeur de ces contrées miséreuses, ingrates parfois, où se sont réfugiés les derniers bootleggers. Les personnages, profonds, forts et parfaitement campés, nous émeuvent de par leur volonté inébranlable, de Samuel avec ses terres hostiles à Dick en passant par Jasper, ce jeune homme sans sou et sans travail, issu d'un camp dit de transit, nommé « Hooverville », qui va suivre ce dernier dans son projet de revanche. La plume, dense et précise, apporte souffle et vie à ce roman aussi tragique que magnifique...
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