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Critique de Aline1102


Ce roman est une ode à l'outil le plus élaboré qui existe sur Terre : la main humaine.

Le petit Alexandre, bébé né sans mains, symbolise toute la souffrance de l'humain privé d'un organe essentiel. D'autant que, ce petit bonhomme ayant vécu plusieurs vies avant de « renaître » le 3 décembre 2023, il se souvient parfaitement des mains qu'il possédait avant, dans ses vies précédentes, et qui lui étaient particulièrement utiles durant son existence au sein des différentes sociétés qu'il a connues tout au long de sa longue histoire.

Ce roman fait réfléchir.

Il est aussi instructif, car il nous fait voyager à travers les pays et les époques, partant de l'ère des chasseurs-cueilleurs Homo Sapiens pour arriver à New York au XXIe siècle, en passant par l'Égypte des Pharaons et la Révolution russe de 1917. Nous découvrons, à chaque époque, les activités auxquelles Alexandre (« l'ancien » Alexandre, celui qui a précédé le bébé né sans mains) et ses semblables se livraient.

Mais il pose aussi les bonnes questions : celle de l'évolution de l'humanité, du retour à la terre (tenté mais abandonné par Boris et Mary, les parents d'Alexandre), du handicap, de l'acharnement thérapeutique, des avancées médicales et de leurs dérives possibles.

Et puis, on en apprend beaucoup plus sur la main. Cet organe qui différencie l'être humain des autres espèces animales est véritablement au coeur du récit : les mains absentes d'Alexandre sont comme les véritables héroïnes de ce roman, bien plus que les personnages ou les médecins. Les cinq doigts de la main sont décrits, avec toutes leurs fonctions et caractéristiques, leurs forces et leurs faiblesses, dans quelques paragraphes qui m'ont particulièrement intéressée. Et on comprend bien vite qu'à tout prendre, il vaut mieux naître sourd, muet ou aveugle que sans mains, ces dernières étant le pivot de la sensibilité humaine : privé d'yeux, l'être humain compense grâce à l'ouïe, à l'odorat et au toucher. Mais privé de toucher, que devient-il ?

Alexandre symbolise à lui seul toute la révolte de l'être humain privé de sens tactile. Bébé privé de mains, il est grincheux, pleure, et le docteur Jefferson (le pédiatre qui suit Alexandre depuis sa naissance) remarque la trace d'une grande souffrance dans le regard du nourrisson qui se souvient de l'importance que ses mains avaient pour lui dans ses autres vies.

Mais les mains du petit garçon ne sont pas les seules mains importantes dans ce récit. Celles de ses parents le sont tout autant, à leur manière. Mary, la mère d'Alexandre est peintre : elle utilise donc ses mains tous les jours et le handicap de son fils va la pousser à une certaine réflexion, qu'elle aimerait voir se refléter dans ses toiles. Quant à Boris, lors de son retour à la terre avec Mary, lui aussi travaillait de ses mains : le père d'Alexandre chassait et taillait le bois.

La main est donc bien au centre de tout dans ce très beau récit. Ce qui est logique, puisque Bruno Salazard, l'auteur de ce roman intense et instructif, est spécialisé en chirurgie de la main !
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