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Critique de mariedupuis


Une étonnante inventivité caractérise l'écriture de cette poète. Ces huit chants se déploient à partir de l'évocation des derniers pêcheurs de corail répartis entre la Corse et l'Italie.
" Quand le corailleur descend le long de la corde à singe
il accomplit le geste
grave
des enfants [...]
Évocation incarnée, dans la précision des gestes et du rituel de leur plongée, dans la beauté des coraux et du milieu aquatique sous-marin en même temps que métaphore de l'approche géopoétique de Sylvie E. Saliceti. le titre, d'emblée, emporte le lecteur dans un imaginaire totalement insolite : il conjoint l'image des papillons sculptés par l'artiste américain David Kracov, en hommage aux enfants de Tchernobyl qui ont pu être sauvés des irradiations et celle de ces pêcheurs de corail occupés à lire des livres sous la mer durant la longue décompression de leur a Au coeur de ce dispositif onirique, le lecteur se trouve aux confins de la nature et de l'art : s'y mêlent intimement l'eau et le paysage sous la mer, la magie de sculptures d'acier façonnées par la grâce du sculpteur et ces feuilles de livres emportées par le courant.« Quand nous ne lirons plus les livres sous la mer, ce monde aura disparu » écrit la poète. On l'aura compris le souci écologique est ici fondateur de cette parole oraculaire. L'approche déjà présente dans ses recueils antérieurs se déploie plus largement encore dans celui-ci, la disparition des coraux devenant le signe sensible de ce que l'homme fait à la nature. D'où plus que jamais nécessaire « Une parole contre la surcharge, la vitesse, l'enfermement ». À travers le jeu subtil sur les pronoms, je, tu, nous, la poète se parle à elle-même en même temps qu'elle guide le lecteur vers un point d'ancrage de sa rêverie.

Cet état d'éveil sous-tend tout le recueil, informant au sens fort la parole poétique qui se déploie dans la fluidité des images, reliant ces entités qui font monde pour Sylvie E. Saliceti : « Me voilà marionnettiste d'un théâtre miniature d'ombres qui bougent comme une offrande perdue sur ma main. Les arborescences se reflètent sur la chair en une mystérieuse calligraphie d'estampe chinoise-blanche sur la feuille mate du papier de riz ». le poème renoue avec la conscience émerveillante de l'enfance, avec ses fulgurances lumineuses qui peuplent les grands fonds d'églises et de forêts sous la mer, de poissons qui volent dans le silence des abysses.




Lien : https://www.lacauselitterair..
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