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Critique de Fleitour


Holden Caulfield, héros en mal de vivre de l'Attrape-Coeur nous happe dès la 2ème page avec sa révolte mélancolique, il ne veux pas parler de sa famille mais de Pencey son collège et de tous les placards publicitaires, où l'on voit un pur sang qui saute une haie.
"Du bluff, j'ai jamais vu un canasson !"
Ainsi Salinger donne le ton, ce collège, "j'y ai jamais vu personne qui soit splendide , l'esprit ouvert et tout."
Au passage, Holder crucifie son frère DB ;  qui l'avait fasciné en écrivant une nouvelle "la vie cachée d'un poisson rouge." "Il se prostitue ,il est à Hollywood !"

Holden, raconte ses quatre jours de cavale, il n'est pas un étudiant comme un autre, il s'exprime, affirme sa différence. Être ailleurs, et sans doute par provocation s'exclure de la foule comme des grands matchs "Vous pouviez entendre leurs gueulantes, profondes et terrifiantes du côté de Pencey, parce que pratiquement toute l'école était là, excepté moi."

Il frôle l'absurde, l'outrance dans sa façon de décrire ou de parler de son collège, "on était censé se suicider si notre cher collège était battu".
Et, il crée le gag quand il perd tous les équipements de l'équipe d'escrime dans un acte de dérision, sa nonchalance dans la démesure.

Sans doute est-il d'une grande sensibilité, marquée par la perte de son frère vénéré, comme par son attachement à la littérature qui lui donne des clés pour éprouver les faiblesses de son collège.
Il a peur de ses émotions, qu'elles soient positives ou négatives, "elles me tuent". 
Par contre, son sens de l'observation, son sens acéré des mots, ceux qui font mal, dénigrer, en relevant des détails qui blessent, cela lui permet de railler avec panache ses semblables.
L'attitude de Holder devient plus ambiguë lorsqu'il aborde les filles, fasciné, parfois cynique, souvent drôle, il peut être terrifié aussi de ne pas assurer, « le sexe j'y comprend vraiment rien »p79. Seule sa soeur Phoebé sait l'apaiser, et lui redonner cette confiance qui se dérobe.
Mais un mal le ronge, trop étranger à cet univers, seul son professeur pressent ses difficultés, celui qui a pris son camarade James Castle dans ses bras après sa chute..
En plagiant Salinger ; "je vous en dirai pas plus" de ce jeune garçon, de son vagabondage, après son exclusion de son école, ni de l'intrigue.

J'ai aimé partager son anticonformisme, son anachronisme, et sa capacité de lucidité dans son cursus scolaire, il sèche les cours qui lui semblent inutiles, il raille cette discipline qui interdit la fantaisie, où il faut rester dans un thème imposé, au risque de se voir huer par toute la classe, moqué connement pour du hors sujet, oui, c'est humiliant.

J'ai adoré ce mélange de fantaisie et d'humour, dans un langage où les fautes grammaticales rehaussent le propos. J'ai adoré la pudeur de Holdeur qui me paraît beaucoup plus saine que le défoulement des jeunes dans leurs sorties dominicales .

Oui dit-il "je suis dingue, bon dieu, c'est vrai que je suis dingue je vous jure", c'est une grande détresse qui se faufile entre le pages et qui surgit ici ou là, "mais les gens remarquent jamais rien !"

Ce rien adressé au monde des adultes, entoure le livre d'ombres.
Roman envoûtant, profond, qui semble s'enrichir à chaque relecture.
Un livre culte, qui se termine par " tout le monde se met à vous manquer".


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