Plaisanter d’une tragédie vaut mieux que vivre enlisé dans la culpabilité d’un incident dont personne n’est responsable.
Il n’avait pas fini sa phrase que celui-ci détalait déjà dans le passage que le drow lui avait indiqué un peu plus tôt. Sa tribu, faisant preuve d’une loyauté sans faille, se précipita à sa suite, les plus rapides lui passant même devant.
Nous aurons beau le traiter en ami, lui ne nous verra plus que comme de la nourriture.
L’âme. Dans toutes les langues de tous les royaumes, à la surface comme
dans l’Outreterre, ce mot est synonyme de force et de détermination.
C’est la force du héros, la résistance de la mère et l’armure du pauvre
hère. Nul ne peut la briser, nul ne peut la détruire. En cela je veux
croire.
Drizzt Do’Urden.
La flamme de l’âme ne peut s’éteindre qu’avec la mort. Et un royaume peuplé de cadavres n’est d’aucune utilité à un despote.
L’âme est résistante, indomptable. Chez certains elle survivra jusqu’à la chute de l’oppresseur.
Où était l’âme de Zaknafein, mon père, lorsqu’il a essayé de me détruire ? Où était la mienne, durant mon séjour dans l’Outreterre, quand le chasseur que j’étais devenu aveuglait mon cœur et guidait mes armes souvent contre ma volonté ?
Qu'importait. Jour et nuit ne faisaient qu'un; oui, tous les jours n'étaient qu'un dans la nuit du chasseur. Drizzt se hissa par l'étroite ouverture et rampa de longues minutes vers le faisceau de lumière, devant lui. Ce mince rai dû à des moisissures phosphorescentes aurait dû être une source d'inconfort pour un elfe noir; Drizzt, lui, se sentit rassuré. Ses yeux lavande le rendaient différent de ses frères.
Toute sa vie n’avait été qu’une suite de dénouements tragiques après des débuts prometteurs.
Si un elfe noir estime qu’il s’en tirera mieux sans son ami, il aura tôt fait de mettre un terme à la relation qui les unit, et très probablement à la vie de son congénère.
L'âme. Nul ne peut la briser et nul ne peut la voler. Une victime au bord du désespoir pourrait en douter et son tourmenteur vouloir croire le contraire. Mais, en vérité, l'âme demeure, profondément enfouie parfois, mais jamais totalement disparue.