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Critique de no


Dès les premières pages, j'ai su que j'allais aimer ce livre. Pierre Samson est un auteur que j'ai beaucoup lu, mais Arabesques me semble être parmi ses meilleurs écrits. Chez lui, la langue est triturée, réarrangée de manière inattendue, ce qui force le lecteur à s'ajuster, à être plus attentif. Ici les mots, la syntaxe est personnalisé, stylisée de façon trépidante. L'auteur nous force à entrer dans son univers, et le lecteur en retire un plaisir à la hauteur de son effort. L'histoire un peu glauque d'une petite communauté, vivant en autarcie dans un complexe d'habitations aux escaliers complexes justement, en plein coeur d'Hochelaga. Non, le HOMA n'a pas encore été inventé par nos artistes de l'immobilier dans cette histoire. D'immobilier il sera question toutefois : le refuge-repaire-prison est menacé d'expropriation, et la menace arrive sous les traits d'un adonis un peu gigolo sur les bords. La beauté et la passion, exceptionnelles dans ce milieu qui en semble dépourvu, aura, et a déjà eu on s'en apercevra en cours de lecture, raison de tout. le touriste et/ou le pure laine apprécieront les scènes décrites de façon savoureuse du Montréal interlope des années 50, les descriptions détaillées de trajets dans un Montréal qui n'existe plus. Mais, ce que réussis encore plus brillamment Samson, c'est la description d'une ambiance, d'une vie unique montréalaise. Jamais le propos ne penche vers le dénigrement ou l'encensement à tout pris. le ton juste et piquant nous redonne une ville que nous aimons tous détester. Sur l'arrivée du printemps à Montréal :"J'avais oublié combien la ville assumait impudemment sa laideur et fondait entièrement son attrait sur la beauté de ses habitants éperdus sous les rayons printaniers ou moulés par une pluie de juillet chaude et drue, poisseuse comme une salive qui plaque les corsages et les shorts sur la chair. J'avais effacé de ma mémoire les sourires carnassiers que s'échangent alors les passants, leurs regards d'affamés, aussi, après ce qui leur avait paru des siècles d'hibernation."Enfin, comme tout musicien qui se respecte, la forme d'un roman m'importe toujours. Ici, la lecture de l'index nous fait rapidement réaliser que les personnages qui seront narrateurs à tour de rôles sont dotés d'un numéro (par ordre d'entrée en ...narration!) et la décimale nous donne le nombre d'interventions que ce narrateur a fait. Limpide et brillant. Décidément, Pierre Samson est un auteur qui est trop peu célébré. Un montréalais réaliste franchement. Un montréalistment!
no.
Libellés : littérature, Montréal

Lien : http://www.montrealistement...
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