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Critique de MarcelP


"Dans la jeunesse, on cherche à s'aimer, dans l'âge fait, on s'aime en se torturant, dans l'âge mûr, on s'aime, mais l'amour est parti !"

La belle Lucrezia, actrice fêtée dans toute l'Italie, s'est retirée du monde aux bords du lac d'Iseo avec ses 4 enfants, fruits de trois amours tumultueuses. La trentaine potelée, la diva des théâtres, se refait une virginité dans sa thébaïde dorée.

"J'avais déjà fait ma route
Je marchais vers le silence
Avec une belle insolence (...)"

Fille d'un simple pêcheur, cette pécheresse est le prototype de la femme libre, qui assume coups de tête et coups de coeur : elle abandonne sa vie "au jugement du monde", ne se reconnaissant ni courtisane (elle ne fut jamais vénale), ni femme galante (pour elle la passion l'emporte sur le sexe), ni de moeurs relâchées (elle n'a jamais cherché à scandaliser). Loin de toute tentation, Lucrezia se consacre désormais à ses enfants.
"Je ne voulais plus personne
J'avançais dans un automne
Mon dernier automne, peut-être (...)"

Mais l'amour bisse notre cabotine en la personne du jeune Prince Karol de Roswald, avorton fébrile et puceau asthénique (24 ans au compteur). Un dernier rappel avant le baisser du rideau ? La prima donna cède et s'absorbe dans ces amours (inces)tueuses...

"Je ne désirais plus rien
Mais, comme un miracle
Tu surgis dans la lumière (...)"

La romancière nous mène par le bout du nez dans ce roman psychologique, à rebours des feuilletons à la mode, et s'insinue dans le récit par un métadiscours malicieux. Jurant ses grands dieux qu'elle colle à la réalité des sentiments, elle n'hésite cependant pas à outrer les tumultes de la passion qui se jouent entre ses protagonistes. Karol se révèle un bourreau de jalousie et se crispe dans des convulsions quelque peu ridicules tandis que la superbe Lucrezia, au final bien fragile, se mortifie en des sacrifices difficilement crédibles pour une telle nature.

"Mais, à peine sont-elles nées
Qu'elles sont déjà condamnées
Les amours de la désespérance (...)"

Malgré les conseils avisés du charmant Salvator Albani -ami du couple- les deux tourtereaux boiront le calice de cette liaison mortifère jusqu'à la lie.

"Il faut, quand on s'aime
Partir au plus beau, je crois
Et cacher sa peine (...)"

On a pu voir dans les relations de la Lucrezia avec sa mauviette une resucée à la sauce "autofiction" des amours de Sand avec Chopin (sa "Chopette"). Nonobstant ce procès d'intention (?), cette étude en rouge de la jalousie destructrice est une nouvelle pierre à l'édifice sandien de la femme libre. Ce très émouvant portrait tendrait à prouver que, même planant au-dessus de toutes les conventions, le vrai talon d'Achille d'une muse de la féminité c'est son coeur.
"Ceci est ma vérité
Du coeur de moi-même" pourrait entonner la romancière avec Barbara.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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