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Critique de kedrik


kedrik
07 septembre 2011
Mistborn débute sur une promesse libertaire séduisante : un bande de voleurs un peu magiciens qui montent un plan à la Ocean's Eleven pour faire tomber un tyran immortel qui a rendu son peuple esclave d'une théologie castratrice. le gauchiste en moi rugit de plaisir : on y trucide du noble à tour de bras tout en parlant de lutte des classes et de magie. C'est le Grand Soir qui rencontre le jeu de rôles Midnight où Sauron (ou son frère) a gagné et domine le monde. C'est Marx qui renverse Tolkien. C'est la lutte finale, la vraie.

Et je dois reconnaître une fois de plus que Brandon Sanderson est un honnête artisan. Il fabrique toujours un univers dédié à son histoire afin de coller parfaitement à son intrigue. Il y a une vraie logique interne dans sa création de contexte. Mais du coup, on a l'impression que cet univers n'existe pas en dehors de l'histoire qui nous est racontée. Que si on ouvre une porte contre la volonté de l'auteur, elle débouche sur le vide. Son autre grand talent, c'est la création de système magique. C'est un vrai horloger dans son genre. Minutieux, appliqué, soigneux. Là, c'est une histoire de métal qui permettent des prouesses incroyables. Ça fonctionne. Mais là encore, c'est tellement mécanique que ça manque d'un supplément d'âme. Sanderson passe tellement de temps à mettre en scène sa magie et ses règles qu'on a souvent plus l'impression de lire le livret de règles d'un jeu de plateau qu'un roman. Tout est expliqué, surexpliqué, redit : c'est très académique.

Et quand en plus l'auteur ajoute une couche de romance fleur bleu à son histoire, la mayonnaise prend une drôle de tournure. Il y a comme des grumeaux. Surtout qu'elle est voleuse, qu'il est noble et que leur amour est impossible. Mais on pardonnerait toute cette guimauve si l'intrigue centrale était solidement défendue par une narration impeccable. C'est loin d'être le cas. Les personnages secondaires sont des coquilles vides. le déroulement du coup d'État est incohérent. Un peuple est en train de se révolter et c'est raconté platement comme un compte-rendu poussif de wargame. Oh, il y a des scènes d'action, car la magie des métaux permet des prouesses physiques qui dépotent, mais cette adrénaline n'arrive pas à camoufler l'écriture affreusement scolaire de Sanderson.

Brandon Sanderson est sans doute un MJ du tonnerre et je prendrais plaisir à faire du jeu de rôles avec lui car il a des idées de systèmes de magie intéressantes et très ludiques. Il sait créer des univers intéressants pour les rôlistes en faisant des variations autour des thèmes forts de la fantasy. Malheureusement, la qualité d'écriture n'est pas au rendez-vous. Ça donne un roman pas ignoblement mauvais mais c'est frustrant de voir autant de bonnes idées gachées par un affreux manque de style.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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