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Critique de Fortuna


Ce n'est pas le livre de Sansal que j'ai préféré. Comme le "Serment des barbares", je l'ai trouvé un peu confus et un peu hermétique (on a parfois du mal à comprendre à quoi il fait allusion). Mais la langue est déjà là, truculente, dénonciatrice, "Que seriez-vous si, comme ces enfants perdus, vous aviez été trafiqués dans vos ressorts par un Frankenstein modelé au Moyen Age oriental ?", engagé. Avec un humour féroce, il dénonce la situation dans laquelle est tombée l'Algérie, en proie aux fanatismes, à la corruption, aux guerres intestines. Une liberté mal digérée, l'histoire réelle de la guerre d'indépendance falsifiée, la montée de l'islamisme, la violence, l'indifférence aux droits de l'homme, la misère, voici quelques-uns des maux dont souffre l'Algérie "moderne".

A travers le dialogue de deux prisonniers condamnés à mort, un Français, Pierre, à la recherche de sa véritable identité, et un Algérien, Farid, dont l'unique crime est d'avoir tué un salopard, Sansal fait le procès d'une société qui refuse de grandir, de l'archaïsme de son système judiciaire, de la monstruosité de la prison de Lambèse.

L'enfant fou de l'arbre creux est une allusion aux enfants bâtards que l'on attachait à des arbres pour qu'ils ne se mêlent pas aux autres...un bâtard ne peut pas hériter, c'est un danger pour la transmission des traditions...Dans la cour de la prison, l'enfant est attaché. Il n'a pas de nom. Il est là depuis toujours. Accompagné d'un chien errant, plein de vermine et de maladies, mais toujours vivant…Symbole de l'Algérie, d'un peuple enchaîné et aveugle, de ses relations difficile avec la France, de sa difficulté à se dessiner un vrai visage, il est le coeur invisible d'un régime corrompu.
Un roman dont on ne peut que saluer le courage intellectuel.
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