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Critique de saigneurdeguerre


Bruxelles été 1932.

Que nous ont appris 5 jours d'audition du docteur Fernando Gasparri ?
D'origine italienne, le docteur Gasperri compte parmi ses patients un jeune couple d'Italiens, les Guareschi.

Madame Guareschi est en danger de mort à cause de son travail à l'usine de ballons où elle inhale du sulfure de carbone. Malgré les recommandations du médecin, la femme y est retournée. Les Guareschi ont-ils le choix ? La crise, venue des USA s'étend au monde entier. La Belgique, pays qui exporte l'essentiel de sa production, est durement touchée. Nombre d'entreprises se cassent les dents. Monsieur Guareschi n'a plus de travail qu'un à deux jours par semaine. En peu de temps, on est passé du plein emploi au chômage de masse.

Le docteur se fait beaucoup de soucis pour madame Guareschi. Or, le couple, déjà bien empêtré dans les problèmes, va voir sa situation encore s'aggraver avec la venue d'Oreste, le frère cadet de madame Guareschi qui a fui l'Italie fasciste dans des circonstances qui ne sont pas claires…

Critique :

Les années de l'entre-deux guerres sont mal connues du grand public, particulièrement pour ce qui touche à la Belgique. Ce roman, fort bien documenté, nous plonge dans l'ambiance de ces années-là, au milieu des conditions de vie déplorables de la classe ouvrière, des grèves, des grèves pour soutenir les grévistes, des immigrés, en particuliers les Italiens qui fuient la misère pour les-uns, le fascisme pour les autres, voire les deux, des syndicats qui appuient le fait de renvoyer les étrangers sans famille vers leur pays d'origine, quel que soit le régime politique qui le gouverne, au nom de la défense des intérêts de leurs affiliés belges. Ces conditions confrontent un honnête homme à des cas de conscience, lui qui est très empreint de la foi catholique, lui qui a, lui aussi, connu des difficultés énormes quand il était jeune avec son épouse mais qui a su s'élever dans la société en devenant médecin.

On découvre aussi toute la puissance du patronat qui est aux abois et d'un gouvernement qui est complètement dépassé par les événements, les caisses de l'Etat étant vides et l'extrême pauvreté faisant exploser le taux de criminalité, sans oublier les anarchistes qui n'ont pas tous des idées pacifiques…

Et puis, il y a aussi le fait que les réunions politiques sont strictement interdites aux étrangers. Tout étranger surpris dans une réunion de ce type est aussitôt arrêté par la police.

Giuseppe Santoliquido, l'auteur, dépeint merveilleusement bien la vie du docteur Gasparri en le plaçant dans un quartier bien réel, celui de la rue de la Tulipe à Ixelles, où il a une patientèle variée, tout en étant proche de quartiers populaires où sévit une grande misère dans les années trente.
Le roman place le brave docteur face à toutes sortes de dilemmes l'obligeant à sortir de sa zone de confort, à savoir sa routine quotidienne, ses visites régulières à la tombe de son épouse à qui il raconte tout ce qui lui arrive et qui compte, les soins qu'il apporte à sa soeur handicapée, et… J'en ai assez dit. Je ne puis que vous inviter à découvrir le livre si ces thématiques vous intéressent : mouvements sociaux, montée du fascisme, cas de conscience, …
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