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Critique de Ziliz


Ziliz
01 novembre 2018
Gérard Depardieu, j'ai été 'pour', dans les 90's : bluffée par ses interprétations magistrales dans Uranus, Cyrano...
Et puis j'ai été 'contre' : omniprésent, grande gueule, vulgaire, politiquement incorrect au point de faire ami-ami avec quelques tyrans et de clamer haut et fort son dégoût pour la France, de 'nous' cracher à la gueule pour tout le fric qu'on lui demande – indécent quand on voit sa fortune !
Et me voilà dans du 'bien au contraire', comme disait Coluche. Parce que paradoxalement, cet album arrive à nous rendre le personnage super attachant, sans rien occulter de ses défauts.

Comme dans ses précédents reportages dessinés (sur l'hebdo 'Libération' et sur la campagne présidentielle de François Hollande), Mathieu Sapin se fait tout petit, son regard sur lui-même est plein d'auto-dérision, et ce qu'il restitue de son objet d'observation est à la fois complet, réaliste, sans concessions et amusant. J'aime beaucoup son approche et le résultat final.

On voit ici un Depardieu tel qu'on l'imagine : un géant crado qui éructe, renifle, grommelle, flatule (Sapin est doué pour les onomatopées, on s'y croirait), bâfre, picole, se balade souvent en caleçon. C'est un type qui dit beaucoup de conneries comme tous les bavards excessifs (et alcooliques, n'ayons pas peur des mots) ; un homme cultivé et généreux aussi, un grand sentimental sous ses airs de brute épaisse, un écorché-vif qui ne s'aime pas, un colosse qui a des réactions de petit garçon.

• Extrait :
« Voilà, t'as qu'à faire ça : tu racontes la vie d'un connard qui dit des conneries.
- Mais non, Gérard. T'es pas un connard.
- Boaf.
- Et je ne raconte pas que tes conneries. Ça parle de l'époque, aussi.
- L'époque, ouais. Ça c'est bien. Une époque de connards. Snirfl. »

Je conclus avec ces mots sages de l'actrice Marina Foïs :
« Gérard, je l'aime sans réserves ! L'acteur qu'il est fait que je ne veux rien juger du reste... Pour moi c'est un énorme malentendu. Son départ [de France] n'a rien à voir avec la politique... Le monde est devenu trop étriqué pour Gérard. C'est pour ça. Il cherche de nouvelles émotions, mais il n'y a plus rien qui soit à sa mesure. [...] Gérard, c'est pas quelqu'un avec qui on mégote. Quand on l'aime, c'est en entier. » (p. 91)

Bien dit, je suis d'accord !
Et cet album aussi, je l'ai aimé sans réserves. ♥
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