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Critique de luckless


Fable post-apocalyptique, Echec, et Mat se refuse à cette classification sommaire, tant il est porté par une inspiration poétique, faisant de cette thématique comme un substrat, une basse continue sur lequel se déploie un univers sensuel, singulier, assez éloigné somme toute des récits de genre qu'il épouse tant on les conjurant.
Récit mené avant tout par les désirs de ses protagonistes, Echec, et Mat est une relecture d'un des plus beaux mythes qui soient, celui d'Orphée.et d'Eurydice, dans lequel les deux amants ne peuvent se libérer des chaînes des enfers qu'à leurs dépens. Que choisir ? le confort lénifiant et soporifique du « monde d'en bas », sous le jougs d'une implacable gouvernement, énième avatar d'une société totalitaire, placée sous le contrôle absolu et mystificateur d'une pénurie d'eau ? Ou la fuite, périlleuse, par où renouer avec ses désirs signifie aussi côtoyer la mort de près ?
Le roman de Galien Sarde met en jeu cette tension, et la crise que traverse le narrateur, à travers de belles pages introspectives :
« Depuis quelques mois, j'arrivais au bout d'un cycle, me débattais pour trouver de l'air, ne pas trembler. Je le faisais souvent , trembler, sans savoir pourquoi, quand venaient en moi des changements, que quelque chose bougeait dont j'aimais la puissance d'impression fulgurante, au-delà de ses effets. Je tremblais et je frissonnais, mais ça ne se voyait pas – les écarts intérieurs ne se sont jamais vus. »
Il choisit l'échappée, accompagné de Mat, figure sécurisante, inamovible, et porté qu'il sera par le regard d'Eurydice -ainsi que par une gangue de paradis artificiels dont il s'entoure. Narrativement, le découpage des chapitres est constitué d'allers-retours entre le monde souterrain et le désert, qui ajoute à la tension nerveuse du récit.
C'est un livre sur les choix que l'on fait -que l'on doit faire ?- et sur les rencontres : celles-ci qui nous changent et peuvent nous mener, comme dit le narrateur, « au coeur de l'être ». Sur le chemin il y aura aussi des scorpions, des murènes, des rêves et des cauchemars, et la peur, omniprésente. Mais surtout, il y aura le regard d'Eurydice, ce regard qui aiguillonne les autres et qui les oriente bien loin du « réel immonde ».
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