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4.39/5 (sur 27 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Blois , 1976
Biographie :

Galien Sarde est un romancier français.

Agrégé de lettres modernes, il est professeur au lycée.

Son premier roman, "Échec, et Mat", est paru en 2022. Il raconte une double traversée du désert qui questionne la fiction et la liberté.

Publié en 2023, son second roman s'intitule "Trafic". Il évoque une passion amoureuse qu'allume un film mystérieux, tourné en Louisiane.



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Exposition du lien entre style et désir, jusqu'au rêve.


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C'est une histoire racontée à la première personne dans laquelle on entre comme dans un conte et dont on sort comme s'éveillant d'un rêve.
Le narrateur, Théo ,dont on devine très vite qu'il est un très jeune homme raconte sa fuite du présent innommable dans le monde post apocalyptique où il est contraint de vivre, ou plutôt de survivre, et dont je ne dirai rien au risque de déflorer l'intrigue, que je ne paraphraserai pas non plus. 

L'espoir d'un salut se présente brutalement dès les premières pages du livre sous la forme du deuxième personnage du roman, un jeune homme lui aussi, Mat, sorte de miraculeux sauveur : c'est grâce à Mat, à son intervention soudaine et totalement inexpliquée que Téo se « met en marche » et que l'épopée peut commencer ; c'est grâce à Mat, toujours, que le récit peut se dérouler, se poursuivre et arriver à son terme : car Mat sait, Mat trouve, Mat guide, Mat en toute puissance décide tandis que Théo, comme un disciple croyant et tout à ses impressions, ses sensations et une sorte de bienheureuse et confiante apathie ( inertie?) parfois (pourtant) doublée de doutes et d'angoisse, suit.
Lequel de ces deux personnages est-il le plus important, le plus essentiel à la narration, en dépit du fait que c'est toujours Théo qui parle et que Mat ne s'exprime jamais directement ?

Et c'est là qu'intervient et s'impose la part du rêve, d'abord dans la construction du récit : hormis la première scène d'exposition qui décrit le début de la fuite et ses circonstances, le récit est fragmenté,
éclaté, non linéaire, selon un procédé très cinématographique de retours en arrière, d'incursions dans le futur, d'empiétements, de chevauchements et de superpositions des événements dans la narration qui tient tout de la structure même du rêve ; du rêve également la prédominance du visuel ( couleurs, lumière, obscurité, mouvement), des sensations (froid, chaud, mal-être, bien-être), des impressions (peur, joie, euphorie...) ; du rêve encore ce flou constant dans les descriptions des lieux, stylisées, sibyllines, souvent accompagnées pourtant d'un luxe inouï de détails secondaires, et cette imprécision constante sur tous les événements, leurs raisons et leurs causes ; du domaine du rêve enfin l'ignorance totale et souvent réitérée de Théo, son incompréhension jamais dissipée : Théo ne cesse de s'interroger, il pose et se pose des questions sur tout ce qu'il vit, voit, ressent mais il n'obtient jamais de réponses ; Théo est condamné à ne pas savoir, à ne pas comprendre ce qu'il vit : n'en va-t-il pas de même dans les rêves où nous n'avons que la possibilité de « décrypter » ce que nous voyons, d'interpréter ?

La forme du récit, sorte de voyage initiatique, son style dépouillé, souvent heurté, ses phrases généralement courtes, souvent au présent de l'indicatif, sa quasi absence de lyrisme, participe de ce sentiment d'étrangeté ressenti dans les rêves, il est le support même des images du songe.
Mais celui-ci est un songe qu'on n'oublie pas une fois le livre refermé.

Presque à la fin du livre, du voyage, que je ne dévoilerai pas, je citerai cette pensée de Théo :
« J'ai conscience d'un changement, sans raison, d'une autre dimension – je me suis trompé, je nage en plein rêve, sur mon lit ou une natte tout au fond d'un refuge, plus jamais je n'accéderais à la réalité, l'aire où l'on roule depuis deux jours n'existe pas, elle est juste intérieure. »
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Là gît donc, soi-disant, toute l'eau de la Cité, l'eau à partager, si précieuse, trois litres par personne et par jour, jamais plus, l'eau bouclée, l'eau occulte, l'eau compte-gouttes de nos vies, sans laquelle rien n'existe. Je pense encore à l'époque où, sur Terre, l'eau n'était pas comptée, ravi par ce songe éveillé.
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Je bâille. J'ingère une pilule. La Cité est loin, loin, ses souterrains, ses écrans illusoires. À la place, le blanc épars, la réalité sans borne, clairement opaque.
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« À l’extrémité de la voie rapide, les voitures s’inséreront au compte-gouttes dans le rond-point comme dans une effervescence giratoire, et, cinquante mètres avant, équipés de sifflets et de matraques luminescentes, deux policiers aux traits tirés, visiblement touchés, l’air presque absent, en réguleront durement le flot, le jugulant – des accrochages d’impatience ne seront pas à exclure –, ou bien l’encourageant rigoureusement – inutile de s’appesantir à proximité de l’accident, dont on pourra encore considérer quelques éclats, quelques restes indistincts entassés sur le bas-côté, obscurs débris crépitant de soleil et qu’enlèvent trois hommes en gilets jaune fluorescent, dont on dirait qu’ils sont plongés dans un mirage ou qu’ils marchent sur une autre planète. À part ces traces, plus rien. Plus rien ne sera visible, où que ce soit. Par terre, les ombres légères qui sont apparues tout à l’heure, quand les camions furent retirés, comme si leur masse s’était tatouée sur l’asphalte, empêché temporairement d’accueillir les rayons du soleil, se sont déjà volatilisées. Et il en est de même des sombres traînées inaugurales, qu’on a complètement effacées. Elles étaient pourtant effrayantes – on eût dit que la route avait reçu des coups de fouet. »
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Il avait enfin gagné sa chute, pensait-il. Qui plus est, avec celle qui l'enthousiasmait, qui l'avait transporté ailleurs - avec Manon. Désormais, il pouvait tomber, se laisser complètement aller, parce que cette chute serait facile, indolore, transcendante - sublimée. Il était au-delà de l'angoisse - il était au-delà de tout, à jamais.
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Le film

À la fin du mois de mai, enfin une copie du film parvint à Vincent. Yannick la lui procura dans un café du douzième arrondissement qui était sur le point de fermer pour raisons judiciaires.

Le film fourni, ils se séparèrent rapidement. Yannick était pris, qu'une soirée appelait. Peu après vingt heures, les rues étaient animées - et même combles - lorsque Vincent, ayant pris le bus, en descendit dans le sixième arrondissement pour marcher un peu. L'été approchait à grands pas, qui serait faste, d'autant qu'il détenait maintenant une réplique du film qui le réjouissait et dont il comptait différer le visionnement pour mieux aiguiser son désir.

Lorsque Vincent s'assit devant celle-ci pour la première fois, le lendemain, l'air était brûlant - des rayons de soleil flambaient l'appartement, le criblaient de lignes étincelantes. À l'occasion des jours suivants, durant lesquels il le verrait et reverrait sans fin, les températures persévéreraient à culminer au-dessus des normales saisonnières, tendant de toute leurs forces vers celles qu'il éprouverait trois semaines plus tard avec Manon, sous une tout autre longitude. Quoi qu'il en fût, Vincent ressortit de ce premier visionnement interdit, sidéré. Une fois engloutie l'ultime ligne du générique de fin, il resta une ou deux minutes face à l'écran, titubant mentalement, avant d'aller chercher dans un tiroir de la chambre, sous son vieux portefeuille en cuir teinté, l'ultime cigarette d'un paquet en voie de décoloration. Il la porta à ses lèvres, revint dans le salon muni d'un briquet trouvé dans la cuisine américaine, et là, restant debout, figé, devant une ombre de Manon, tira dessus machinalement, le cœur battant.

Certains de ses gestes, certaines expressions neuves de son visage l'avaient touché, qui ouvraient des vues inédites, sans compter ses regards fuyant les scènes en cours, lançant des signaux à la caméra, doublant par là le film d'une dimension poignante qui éclate à la fin dans une volte-face implacable, quand la fatalité qui a frappé près d'une heure trente se révèle avoir été conçue par elle. En attendant, captant au mieux la tension qui monte au fil des scènes américaines, limpides d'être stéréotypées, épurées, le moindre de ses mouvements accède à une présence confondante, chair et lumière.
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« Escorté en hauteur par ces établissements financiers, leurs corniches happant de vertige, mais aussi bien leurs ombres et les miroitements qu’ils lançaient dans la clarté matinale, s’allégea graduellement ce qui, depuis sa sortie de la voiture, avait pesé trop lourd au bout de son bras tendu, qui se décontracta un peu, et s’amoindrit d’autant la vigilance de son esprit, rasséréné. Il avait bien fait de laisser le pistolet dans la boîte à gants de la voiture : il n’y avait rien à craindre ici, rien du tout. Visiblement, l’argent lissait tout, dénouait tout – en un sens, faisait la police, transcendant. »
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N'ayant rien d'arrêté pour les semaines à venir, emballée par la nouveauté de l'expérience dont elle ne voulait rien attendre de particulier mais qui ne manquerait pas de lui fournir, certainement, quelques sésames supplémentaires et un cachet expédient - les séances photos astreignantes auxquelles elle se prêtait trois fois par semaine ne suffisaient plus à couvrir ses frais coutumiers -, gracieusement séduite, aussi, par l'enthousiasme du producteur, Manon avait bouclé une valise volumineuse dans la soirée et pris, dès le lendemain matin, dans une aube rougeoyante, le premier avion à destination de New York, où elle n'eut que le temps de changer d'aéroport pour s'envoler derechef vers la Nouvelle-Orléans.
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Sur le lit, parallélépipède en cuir souple à large bande unique s'étant matérialisé là comme par magie, un sac de bowling rouge et noir comme une impensable évidence devant laquelle se turent immédiatement et complètement les embruns de doute qui voletaient encore dans sa tête quelques secondes auparavant. Et, à côté de lui, immobile, pile au centre de la pièce, pour ainsi dire collée au lit, Manon se tenant debout, le regard absorbé, les mains coulissant lentement sur le haut de ses bras, comme si elle avait froid.
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Au moment de partir, dans le faux jour de l'entrée où il palpait, pensif, le renflement de l'arme glissée sous sa ceinture, sur fond de palmiers oniriques - ceux de la nationale 7, qui revenaient, défilaient sans fin dans sa tête exaltée-, était-il possible de dire que du visage silencieux de Manon partaient des questions muettes, des réticences inquiètes?
Dur à dire. Mais le sac comme une évidence.
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