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Critique de franceflamboyant


Quel roman et quel souffle ! Quelle diversité aussi ! Diégane Latyr Faye, sénégalais qui vit à Paris a bien écrit un premier roman intitulé "Anatomie du vide" mais il n'en est pas très content. L'écrivaine consacrée, Siga D, avec qui il est ami, lui parle d'un mystérieux roman intitulé "Le Labyrinthe de l'inhumain." Publié en 1938, il a été porté par deux éditeurs, Charles Ellenstein et Thérèse Jacob, et encensé par Brigitte Bollème, une journaliste très en vue . Lancé et admiré, ce texte inclassable qui vaut à son auteur le qualificatif de Rimbaud Nègre, voit son succès se tarir quand il est question de plagiat. Dès lors, en effet, l'écrivain malmené, s'évanouit dans la nature.Diégane reste fasciné quand il découvre ce texte et il n'aura de cesse d'en savoir plus ce TC Elimane (T pour Thérèse, C pour Charles ) et son oeuvre. Il lui faudra faire de multiples rencontres, écouter de multiples versions de la vie de cet auteur qui a mystérieusement disparu, pour parvenir à retrouver de façon inattendue la trace de celui qui s'est toujours dérobé. Qui était donc Elimane (étymologie: le Seigneur est mon Dieu) ? Un écrivain absolu? Un plagiaire honteux? Un mystificateur génial? Un assassin mystique (ceux ou celles qui ont condamné "Le Labyrinthe de l'inhumain" meurent de mort violente), Un dévoreur d'âmes? Un nomade distingué (il vit longuement à Paris puis en Argentine), un enfant qui ne savait si son père était parti à la guerre pour l'honneur de la France ou s'il s'agissait de son frère, qui, lui, était resté au Sénégal...
Roman d'une folle érudition, roman à la construction savante, "La Plus secrète mémoires des hommes" nous promène dans les milieux littéraires parisiens de l'entre deux guerres et d'aujourd'hui, dans les théories coloniales, dans la décolonisation et dans les arcanes du racisme, de l'antisémitisme et de diverses formes d'anéantissement. Il nous permet d'aborder le thème de l'écrivain noir qui écrit en français et cherche où est sa place. Il est question aussi du silence en littérature, de la confrontation entre l'écriture et la vie et de la nécessité de l'écrit. Nous sommes tantôt au Sénégal, tantôt en France, tantôt en Argentine et nous abordons diverses époques.
Un livre qui se présente comme un tourbillon, exige beaucoup de son lecteur et ne livre pas facilement ses secrets ! Je suis restée émue et enthousiasmée par cette lecture qui montre bien que Mohamed Mbougar Sarr est un écrivain avec lequel il faut compter !
Il va de soi, pour conclure, que cette modeste critique ne saurait embrasser toute la richesse d'un tel texte. C'est après tout une bonne nouvelle car faire une seconde lecture d'un roman aussi ambitieux et complexe ne peut que s'imposer !



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