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Critique de koukich


Il s'agit d'une pièce de théâtre. Je ne pense pas que j'aurais eu un quelconque plaisir à lire ce texte. Mais l'entendre! quel bonheur! surtout lorsque les interprètes sont J-L Trintignant et A. Dussolier.

Quelle finesse pour un sujet aussi difficile!

Le sujet : l'un des amis (ils n'ont pas de nom), on va dire Dussolier, est un homme plutôt introverti voire effacé, qui a tendance à fuir les mondanités, qui les méprise et qui n'a pas, sur le plan professionnel suivi une carrière époustouflante, ce dont il se fout éperdument ; l'autre, son ami de toujours, on va dire Trintignant, est un homme plus extraverti, qui a "réussi" dans sa vie professionnelle et familiale et qui a un caractère plus ouvert que son ami.
Trintignant s'aperçoit que son ami lui fait la gueule. Il ne comprend pas pourquoi et il l'interroge.

Au début, Dussolier déclare qu'il ne fait pas la gueule. Trintignant insiste tant et si bien que Dussolier finit par avouer que quelque chose l'a gêné, dernièrement, dans l'attitude de son ami.

Et Dussolier finit par avouer ce qui l'a gêné: un jour, explique-t-il, il s'était vanté devant son ami d'avoir réussi quelque chose, ou d'avoir entrepris quelque chose (je ne me souviens plus trop quoi); il avait oublié qu'il s'agissait pour son ami de quelque chose de tout à fait ordinaire. Alors qu'il se rendait subitement compte du côté ridicule de la situation, son ami, Trintignant, lui a répondu sur un ton (faussement ?) admiratif : "c'est bien...ça"!.

Et toute la première moitié de la pièce tourne autour de ce : "c'est bien....ça"!.

Trintignant dit: "et tu me fais la gueule, parce qu'un jour, je t'ai dit: "c'est bien ça"?
et Dussolier répond: "tu ne m'as pas dit : c'est bien ça! tu m'as dit: "c'est bien....ça"!

avec une suspension entre c'est bien et ça...

Nous, spectateurs, nous comprenons tout à fait ce que veut dire Dussolier. Nous comprenons que, dans ce silence, entre "c'est bien" et "ça", c'est le mépris qui s'est insinué...

Et les protagonistes vont même aller jusqu'à chercher de braves gens pour exposer devant eux la situation et leur demander, objectivement, si il y a lieu de rompre un lien d'amitié pour ce motif.

La question parait donc être la suivante : l'amitié peut-elle survivre au mépris?
Dussolier n'est-il finalement qu'un paranoiaque ? est-ce que, objectivement, on peut rompre un lien d'amitié sur des éléments aussi ténus ??
Sont-ce des éléments ténus ??
Ce petit décalage entre "c'est bien" et "ça" n'est-il pas la partie visible d'un iceberg; cet iceberg étant le relâchement du lien d'amitié entre les deux hommes.

Le récit se poursuit, et finalement, Dussolier, qui était l'accusateur, devient l'accusé. Trintignant se souvient de ce qui l'agace chez lui. C'est le genre donneur de "leçon de vie": Dussolier contemple...Contrairement au commun des mortels qui ne voient rien, lui, il voit ce qui est "là"; personne ne peut le comprendre..
Il est très énervant.
On comprend tout à fait ce que Trintignant critique chez son ami.

A la fin de la pièce on ne peut s'empêcher de se classer dans la catégorie "Trintignant" ou dans la catégorie "Dussolier".

Une oeuvre étonnante...qui, à mon avis, peut être surtout appréciée par la catégorie "Dussolier"! (Mes amis les contemplatifs, si vous voyez ce que je veux dire!).

Comment peut-on imaginer un tel sujet et le traiter avec une telle finesse, une telle justesse de ton ?

Un grand bonheur que vous pouvez visionner de suite...!
http://www.youtube.com/watch?v=N2MwpAWQxxg&hd=1

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