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Critique de Enroute


Tout y passe : le père, la mère, le grand frère, les amis, et les caractères sont bien "campés" comme on dit. Entre un père intelligent, mais froid et sans imagination, une mère soumise à son mari et sans amour, un grand frère adoubé par le père au détriment du cadet, le petit Gustave grandit dans l'incertitude, le trouble, l'inquiétude qui le rendent passif et effacé. Héritant de la pensée analytique du père, chirurgien, Gustave n'a pourtant aucune chance de pouvoir s'identifier à lui, doublé par son aîné. De fait, son rapport au monde est constamment défié par un héritage qu'il ne peut obtenir : entre sa vérité propre qui ne s'énonce pas et la vérité du père qu'il ne ressent pas, Gustave apprend sans comprendre, écoute sans parler, croit sans savoir. Tout se vaut puisque rien n'est certain, qu'il ne peut être assuré de rien. De là naît un caractère attentiste, la retenue de la conquête, la dévalorisation de qui se sent regardé, jugé, inutile et impuissant. Dans cet esprit d'humiliation de soi, Gustave rêve alors de grandeur. Il se dédouble et il lui prend l'envie de recréer le monde, un monde fait de mots. Il sera écrivain.

Qu'on ne se laisse pas impressionner par les 1100 pages (de ce premier tome), l'écriture de Sartre est fluide, fluide, fluide... on lit sans s'en rendre compte, les mots défilent, on se perd, on s'oublie et l'on s'émerveille de tant d'idées et de subtilités. Et peu importe que cette biographie ressemble finalement à celle de Genêt, c'est Sartre qu'on lit plus qu'une vérité sur Flaubert.
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