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Critique de Bazart


Les cahiers d'Esther, ou comment, à partir d'un récit a priori banal d'une enfance d'aujourd'hui, réussir, et uniquement grâce au génie de Sattouf, à engager une bonne petite réflexion de derrière les fagots autour de la vision du monde vu par un enfant, et de notre réaction face aux angoisses de notre société actuelle.

Personnellement, pour avoir trouvé cette période de l'enfance entre 10 et 14 ans vraiment très cruelle (et effectivement on est content d'avoir vieilli mais pas besoin de lire Sattouf pour m'en rendre compte ), je ne trouve pas que cela a changé , et d'ailleurs, celle retranscrite ainsi par Sattouff ne m'a pas semblé l'être autant que cela.. Autrement dit, ce n'est pas la vision de Riad qui est cruelle et rude, mais bien la vie dans sa globalité, personnellement, j'aurais même à le trouver optimiste sur certains cotés, comme quoi la fameuse bouteille à moitié pleine n'a pas fini de couler..
Nihiliste, Riad? Que nenni, car toujours, bien au creux de son crayon, Sattouf distille cette tendresse et cette humanité qui caractérise son trait et ses oeuvres dans leur ensemble, et cette Esther peut-être encore plus que les autres...
Non Sattouf n'est pas Zemmour, Finkelkrauft ou Emmanuel Todt: aucune trace chez lui d'une vision atroce d'une société décliniste, mais un regard certes parfois acerbe, mais jamais cynique, ni même impitoyable sur nos chères têtes blondes..
Sans doute, comme l'imagine Michel, Riad Satouff a été effrayé par la vie, il ne s'en cache d'ailleurs ni dans ses interviews ni dans ses récits autobiographiques, mais je pense que la plus grande partie de ces angoisses sont bien derrière lui-, et puis, pour avoir ressenti cela aussi à un moment de ma vie, j'avoue être en totale admiration de la façon avec laquelle il est parvenu à trancender ses angoisses par son génie drolatique et un sens de observation vraiment hors du commun .
Alors forcément, certaines planches peuvent un peu faire peur, et dire que je me suis jamais projeté sur ce que vivent ou vont vivre mes propres enfants serait mentir éhonteusement, mais personnellement, le décalage entre la façon certes naïve dont Esther retranscrit le monde de l'école et la dure réalité de ce monde stimule énormément les zygomatiques, qu'on le veuille ou non..
Car si on rit énormément devant ces cahiers d'Esther, et pour moi, c'est bien elle le moteur humoristique de la BD : on s'esclaffe du regard d'Esther sur sa maîtresse, qu'elle dépeint invariablement comme la personne la plus moche sur terre tête ), du regard sur son frère et sur les garçons qu'elle trouve très bêtes (excepté son père son père qui d'ailleurs a un petit coté Pascal Brutal )..
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Notre petite Esther est drôle, terriblement drôle, avec son regard à la fois naïf et lucide sur cette jungle de la cour de récré, et même si c'est aussi le décalage entre cette relative candeur et la réalité qui nous fait rire, on ne sent jamais Sattouf moqueur avec sa petite héroïne, bien au contraire..
De manière plus générale, rire de ce qui nous fait peur est un talent qui n'est vraiment pas donné à tout le monde, et le génie de Sattouf, pour moi de loin le meilleur auteur de BD actuel, c'est de parvenir à le faire avec toujours au coin du crayon la sensibilité et le talent qui ont toujours caractérisé son oeuvre...

Bref, sans aucune contestation possible, ces cahiers d'Esther sont un vrai chef d'oeuvre, et pour une fois, je ne vois aucun enthousiasme excessif à l'accueil effectivement très favorable que les médias réservent à cet immense artiste du 9ème art de notre siècle...

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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