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Critique de magalette


La grêle, c'est les coups qui pleuvent sur le petit Jean, 5 ans, beau comme un ange mais malentendant de naissance. « Pas fini », dit le docteur consulté par la mère de Marie, la grande soeur, la protectrice, la narratrice de cette histoire de violence ordinaire qui a pour théâtre une ferme pauvrette de campagne. Pourquoi cet enfant aimé par sa mère, adoré par sa soeur devient-il le bouc émissaire du père, le réceptacle de toutes les frustrations paternelles inavouées et inavouables ? Marie est quadragénaire et prête à partir quand elle est enfin capable de regarder en face ce passé douloureux. La gangue de culpabilité craque et laisse déborder le flot de souvenirs que la vieille dame va enfin délivrer à sa fille, protégée depuis toujours des ombres noires et dévorantes du passé de sa mère. En émerge également la figure ogresque du père, Joseph. Un type plutôt doué pour les études mais happé dès son plus jeune âge dans la tradition paysanne, métayer de son état, exploité en toute impunité par le propriétaire de la ferme des Glycines, il trime du matin au soir à ployer sous les vaches et le labeur sans cesse renouvelé. Pas d'horizon aux Glycines. Ni pour Joseph, ni pour la mère acculée dans sa condition de femme, ni pour le petit Jean handicapé. Alors, il faut sauver Marie, se dit la mère. Elle seule peut sortir de cette impasse boueuse. « Tu dois réussir ma fille », devient le mantra de l'enfant qui pour tracer sa route devra abandonner sur le chemin son petit frère adoré. le récit de la vie de Marie est sans complaisance pour ses fautes et celles des autres, pour cette vie qui a bien voulu la sauver, elle et sa fille, mais qui a aussi broyé et dévoré son quota d'âmes innocentes. D'innocents, il n'y en a pas dans cette histoire. Chacun devra assumer le poids de ses actes. Même Adèle, la fille de Marie devra porter à son tour le poids de son histoire familiale et des décisions de sa mère. Un roman d'un réalisme cru éclairé par une lumière sans pitié qui donne à voir les abimes douloureux de la mémoire dans lesquels se noie la vieillesse. Une réflexion factuelle sur la mort et la possibilité de l'aborder dans un choix réfléchi et de façon décente qui peut bousculer. C'est un livre dont la lecture est assez pesante mais qui aborde des sujets universels et peut faire avancer sur les demandes de certains de pouvoir tirer leur révérence avant la douleur et le délabrement d'un corps qui s'effiloche.

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