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Les premières pages sont oppressantes : la narratrice fait part de son souhait d'en finir avec la vie, à quatre-vingt ans, alors qu'elle va bien. En finir avant d'aller mal. Autant dire que l'ambiance est assez morose. Et on peut se poser la question de poursuivre ou pas ce récit. Mais je ne regrette pas d'avoir insisté.

De telles décisions sont aussi l'occasion de faire un bilan de vie, et l'on découvre alors le parcours de cette femme, née dans une ferme où son père était métayer, autrement dit, juste un rang au dessus de l'esclavage, au coeur d'une campagne profonde et isolée, auprès d'une petit frère beau comme un ange mais « pas fini », selon le diagnostic du médecin de famille !

C'est malgré ce décor qui aurait pu constituer une impasse étroite pour l'avenir, et avec les encouragements de la mère pour qu'elle s'en sorte, que l'enfant est devenue journaliste à mille lieues des bases de son enfance.


Un très beau parcours, retracé avec une grande lucidité.

Une réflexion sur le vieillissement, le naufrage annoncé, le souhait de laisser une image digne à sa descendance.

Merci à Netgalley et aux éditions Lattès.
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Marie, la fille de la grêle, 80 ans, décide de quitter ce bas monde tant qu'elle est encore vaillante afin de ne pas finir dans un lit d'hôpital, en maison de retraite ou encore comme une charge pour sa fille Adèle, tant aimée. Avant de quitter définitivement la vie, elle écrit à sa fille une confession très émouvante qui m'a emportée. Les émotions sont fortes et belles mais elles sont aussi dures et parfois tristes.
Oh oui Visage, comme je suis d'accord avec ta critique . J'ai moi aussi lu des passages, qui m'ont particulièrement touchée, parlée. Même si la similitude des situations n'est pas flagrante, j'ai ressenti au plus profond de moi des émotions singulières. La relation entre Marie et son frère Jean est extrêmement touchante, celle de Marie avec Adèle m'a bien évidemment amenée à m'identifier et donc à m'émouvoir. Que d'amour si joliment dit, montré. Il y a tant à dire sur ce roman qui est pourtant très court, à peine 200 pages . C'est le genre de livre qui perd de sa puissance en le racontant, il faut le lire pour ressentir le souffle , pour être immergé par et dans l'histoire.
Coup de coeur bien sûr.
Merci Visage pour ce prêt, je crois me souvenir que tu as repéré ce titre lors de notre retour des Vosges...

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Marie qui se rapproche lentement mais inexorablement de son quatre-vingtième anniversaire, décide de rédiger une lettre à sa fille Adèle, pour lui raconter qui elle est vraiment, lui parler de son enfance, de tout ce qui lui est arrivée de la ferme paternelle jusqu'à sa vie adulte puis l'entrée dans la vieillesse, ce qui a conditionné ses choix, car elle ne lui a jamais parlé de rien. Elle avait tout verrouillé au plus profond d'elle-même.

Elle a fait le choix de cette lettre car elle est décidée à choisir elle-même la manière dont elle veut mourir. Marie n'essaie pas se justifier, de convaincre sa fille, elle explique son choix, le cheminement de sa pensée de sa vision philosophique et personnelle de la vie et de la mort. Elle le dit dès le départ et le récit est construit en partie sur l'argumentation.

Marie revient sur l'enfance à la ferme, « Les glycines, la dureté de la condition de métayer de son père, qui trime dans les champs et avec les animaux tout en reversant la moitié des récoltes au propriétaire. Elle évoque les caprices de la nature, où la grêle peut tout détruire, entraînant privation disette, sacrifices et montrant bien que c'est la Terre qui est souveraine.

Les temps sont durs, les conditions sont dures mais les humains sont durs aussi, telson père, le corps sec et noueux comme un pied de vigne, le dos courbé par la fatigue et le travail, qui se montre d'une dureté implacable avec Jean, le petit frère handicapé de Marie (il est sourd, mais on ne s'en est pas aperçu tout de suite). Les coups pleuvent, les cris, les silences de la mère, Marie se cachant sous les couvertures en attendant que les coups et les cris cessent. Et puis un jour arrive un traumatisme encore plus grand.

Marie s'applique à l'école, les livres l'intéressent alors que sa mère est quasiment illettrée, car c'est « la seule façon de s'en sortir ». Jusqu'au jour où elle s'en va pour de bon, direction l'université laissant tout derrière elle.

Ce roman nous propose une réflexion sur la dureté de la vie dans le monde rural, l'interdépendance de l'homme et de la nature, la sagesse des paysans qui savent qu'il faut la respecter, la violence intrafamiliale et l'oubli pour pouvoir avancer, prendre sa vie en mains.

Delphine Saubaber va beaucoup plus loin en nous proposant une réflexion sur la vieillesse et le droit de pouvoir décider quand on va tirer sa révérence, et de quelle manière. Tous ses propos sur la vieillesse m'ont beaucoup touchée car je suis arrivée au même point de réflexion que Marie son héroïne :

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, même si l'héroïne est un peu froide, mais son enfance l'a poussée dans ce système de protection. L'écriture de Delphine Saubaber est belle, elle m'a profondément touchée, telle la grêle qui s'abat sur les récoltes pour les détruire, ou la grêle plus symbolique qui accompagne les orages dans nos vies.

Elle nous rend hommage, au passage, à Hermann Hesse dont elle m'a donné envie de lire son « Éloge de la vieillesse ». C'est le premier roman de l'auteure et c'est vraiment une réussite.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#Lafilledelagrêle #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ce roman est douloureusement beau.
Marie veut quitter la vie de son plein gré,ne pas attendre que la mort décide pour elle,et surtout pas que son corps l'abandonne à la dépendance de l'Autre. Cependant avant de partir,elle veut livrer son histoire à Adèle,sa fille devenue maman elle aussi. Elle n'a jamais parlé de son passé. Pourtant,la petite fille en elle n'a jamais disparu. Ses joies,ses peines,ses peurs et surtout son amour solaire pour son petit frère palpitent encore en elle. Joseph et Madeleine,ses parents sont toujours à ses côtés ainsi que le souvenir terrible de la violence paternelle face à l'inacceptation de Jean,le frère au visage d'ange dont l'étrangeté magnétique pour Marie est un affront pour Joseph. La culpabilité que porte Marie face à un évènement hautement traumatique lorsqu'elle n'avait que 7 ans explique sûrement son mutisme quant à son histoire. Et pourtant,les souvenirs de son enfance à la campagne sont aussi empreints de bouffées d'amour pour la nature,la terre,ses odeurs...cette terre qui a été le berceau d'un amour éternel pour son petit frère.
Je suis très émue par la façon dont Delphine Saubaber réussi à parler d'une seule voix de l'enfance et la viellesse. La justesse des sentiments a souvent fait écho en moi.
Marie et Jean sont des personnages extrêmement émouvants.
Il émane de ce roman quelque chose d'universel mais qui fait vibrer en moi des cordes très intimes.
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****

Marie écrit à sa fille, l'amour de sa vie, sa toute petite. Elle met des mots sur tout ce qu'elle a caché, ce qu'elle a tu, ce qu'elle a voulu oublier. Elle lui raconte alors les Glycines, la ferme qui l'a vu grandir. Elle lui fait le récit de son enfance, de ses parents et surtout de son petit frère, qu'elle a aimé plus que tout. Et puis Marie demande à sa fille de lui pardonner. Excuser les gestes du passé, et la décision qu'elle a prise de mourir dans la dignité…

Delphine Saubaber signe avec La fille de la grêle, un premier roman émouvant et d'une rare justesse. Elle réussit à poser des mots sur des silences, des secrets, des choix intimes qu'il est la plupart du temps difficiles à exprimer.

Ce roman possède une véritable lumière. Cette petite flamme qui vous suit, de la naissance à l'aube des derniers instants. Cette étincelle qui vous pousse à grandir, à avancer, à maintenir la tête haute.

Marie est une vieille femme. Elle veut simplement que cette lueur, ce souffle de vie, s'éteigne quand elle l'aura décider. Elle a droit à cette liberté. Elle en connaît les conséquences et espère être pardonnée.
Alors, elle parle. Elle divulgue, elle dévoile, elle répand sa vérité… Celle de la folie qui se cachait aux Glycines, celle de cette nature puissante maîtresse de tout, celle de la violence des poings, de la force d'un sourire et de la douceur d'un frère…

L'histoire de Marie est émouvante, touchante, poignante. Elle inonde de son amour les jours sombres. Elle mérite cette dignité et le pardon… Et je la quitte avec regrets…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Un livre fort, poignant. Une belle écriture.

Un premier roman(?) Je mets un point d'interrogation car je me suis demandée qu'elle était la part d'autobiographie ou plutôt d'autofiction de cette histoire.

La narratrice a décidé de mourir. Non pas parce qu'elle serait malade ou dépressive mais parce qu'elle juge le temps venu. Avant de partir elle rédige un courrier à sa fille unique qui ne connait pas son histoire.

Il est question de vie rurale, d'ascension sociale, d'handicap, de violence, de pauvreté... Bref de nombreux sujets lourds,

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Dans ce court roman , chaque ligne fait appel avec délicatesse à l'émotion, aux sentiments les plus nobles, et il est difficile de résumer ainsi cette magnifique lettre d'amour adressée comme adieu par une mère à sa fille chérie.
Marie, 80ans , apparemment encore en bonne santé, bien qu'avec les maux de son âge , décide d'en finir avec cette vie, elle fixe la date à laquelle son amie viendra poser le cathéter.
Et pendant ce décompte , elle va narrer sa vraie vie à Adèle, sa fille.
Et bien sur, Adèle apprendra dans cette lettre avec stupeur des moments de vie ignorés.
Mais raconte-t-on à ses enfants des années plus ou moins insupportables ? Non , Marie a élevé sa fille en lui donnant confiance en elle et dans la vie qui va lui ouvrir les bras.
Et pourtant , si à partir du moment où Marie a quitté la ferme des Glycines sur les conseils de sa mère, elle a pu éclore, et avoir une vie de journaliste, son enfance n'a pas été simple; une mère aimante, mais repliée sur Dieu et sur elle-même, un père taciturne et travailleur rendu fou par la présence du petit frère, un chérubin « pas fini », comme précisé à sa naissance.
Ils ont tous deux été heureux dans la nature , ils s ‘aiment follement jusqu'à ce que le père détache sa ceinture .
La folie s'immisce jusqu'à une scène qui marque Marie pour toujours.
Elle raconte la vie de labeur des fermiers hantés par la grêle, la misère, mais aussi le bonheur d'être enfant malgré tout.
Un texte superbe que je relirai c'est certain. Un magnifique premier roman.
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Un livre triste aujourd'hui mais tellement poignant que je ne veux pas repousser sa présentation car il est finalement d'actualité, quand on pense aux intempéries de ces dernières semaines et à ceux qui ont tout perdu en quelques minutes à peine.
Alors qu'elle est bien décidé à en finir avec sa vie, Marie qui va avoir quatre-vingt ans dans quelques jours, décide de coucher par écrit tous ses souvenirs à destination de sa fille, Adèle, qu'elle a élevée seule. Elle lui doit la vérité sur son enfance et la manière dont elle juge avoir abandonné les siens pour fuir la pauvreté et toute la violence vécue durant son enfance. Elle a en effet quitté sa famille dès ses 18 ans, et son jeune frère qu'elle aimait par-dessus tout, pour faire des études et devenir journaliste, pour voyager, aller toujours plus loin. Elle a voulu épargner Adèle jusque-là et lui a tout caché de ce qu'elle a vécu.
Joseph et Madeleine, ses parents ont eu une vie de labeur aux Glycines la ferme qu'ils louaient. Ils devaient donner la moitié de leurs récoltes au propriétaire mais s'en sortaient. Ils ont vu un jour, leurs maigres biens voler en éclat lors d'un court mais intense épisode de grêle d'une extrême violence.
A partir de ce jour-là, le peu de joie partagé en famille disparait. le père devient violent, il s'en prend à Jean, le jeune frère, sourd de naissance ("pas fini" dira le médecin de famille) un enfant qu'il ne comprend pas et dont il n'accepte pas le handicap. Marie a sept ans et c'est elle qui console son petit frère, qui tente de sécher ses larmes, qui lui chante des chansons douces pour le bercer.
La mère mutique tente de protéger ses enfants...jusqu'au jour où la petite Marie, âgée de dix ans à peine, assiste au suicide de son père. Elle aurait pu le sauver, elle était sa préférée, remettre le tabouret sous ses pieds, mais elle ne bouge pas, elle reste paralysée. Elle le regardera se pendre dans la grange désirant au fond d'elle qu'il meure parce qu'elle a peur de sa violence et est bien trop petite pour comprendre que derrière cet acte violent, se cache son désespoir et une grave dépression. Elle gardera pour toujours ce secret enfoui au fond d'elle-même et la culpabilité qui va avec.
Maintenant que tous ont disparu et qu'elle s'apprête à disparaître à son tour, elle veut se racheter, laisser aux oubliettes sa culpabilité, son impuissance à n'avoir pas su ni pu, protéger son frère qu'elle aimait tant...ni son père parce qu'elle ne l'avait pas compris.

Voilà un livre émouvant et écrit de manière très poétique, qui sonne juste mais que j'ai trouvé très dur tant il est poignant. En tous les cas à la lecture des premières pages je me suis demandée si j'allais le poursuivre. Finalement je ne regrette pas de l'avoir fait et je l'ai lu d'une traite !
Il faut dire aussi que l'écriture de l'auteur est très belle. Elle nous touche parce qu'elle est sincère et d'une grande justesse. La personnalité de la narratrice est bouleversante. le regard qu'elle porte sur son enfance, son ressenti sur les événements vécus par sa famille, ses réflexions sur la vieillesse et la manière dont la société traite les personnes âgées, tout est tellement vrai que le lecteur n'a aucun mal à comprendre comment elle en est arrivée à prendre la décision d'en finir avec la vie, son dernier désir, sa dernière liberté pour ne pas dire sa seule liberté.

Le roman est d'abord un vibrant hommage aux paysans, qui dans le roman sont ceux des années 50. Ils étaient pauvres et consacraient leur vie au travail, dans des conditions très rudes, sans aucune aide matérielle extérieure. Leur vie était, tout comme pour les paysans d'aujourd'hui, entièrement liée aux caprices de la nature, ce que nous oublions souvent. C'est aussi pour elle l'occasion de parler des trop nombreux suicides qui ont lieu dans le monde agricole, et qui sont encore à déplorer de nos jours, malgré les aides, trop insuffisantes pour les petites structures.
Le roman aborde plusieurs autres sujets comme la maltraitance des enfants, le handicap, mais aussi la difficulté de se sortir de son milieu social d'origine.
Mais il aborde surtout le sujet encore tabou de la fin de vie et du droit à mourir dans la dignité. Cela peut être choquant que Marie, qui n'est pas malade et encore jeune (80 ans) choisisse de mourir en se faisant aider par une amie infirmière, mais elle ne veut pas se voir vieillir, et elle veut avant tout encore une fois protéger sa fille, lui permettre d'être heureuse avec sa famille, son mari et son petit garçon sans la voir, elle, dépérir.
En lisant le récit de son enfance, en prenant connaissance de ce qu'elle a vécu, le lecteur comprend sa décision sans que jamais l'auteur ne porte aucun jugement sur ses actes.
C'est donc un roman qui nous fait réfléchir et qui lève même un certain tabou, celui de la grande vieillesse et de la mort qui nous attend tous au bout du chemin, nous le savons bien puisque nous sommes en vie aujourd'hui, mais nous n'avons pas forcément envie d'y penser.

Ce livre est pour moi un coup de coeur !
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Une retrospection sensible et poétique sur une vie dont la fin renoue avec son début, quand l'enfance, les proches disparus, et les souvenirs violents ou heureux reprennent la place qu'ils avaient perdue. L'auteur, une jeune femme, nous fait partager une vision sereine et apaisée de la fin de vie, volontairement planifiée par la narratrice, âgée de 80 ans. le livre est court mais très beau et incite à la réflexion.
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A quoi pense-t-on quand on arrive à la fin de sa vie ? A-t-on le droit de choisir la date de son départ, d'avancer quelque peu les projets de la Mort ?
Dans ce livre, Marie, octogénaire, décide de devancer quelque peu les souhaits de l'univers la concernant...mais avant de mourir, elle met ses affaires en ordre et prend le temps de rédiger pour sa fille Adèle une confession sur son père, sa mère et son frère....Marie lui parle donc de Joseph son père, métayer qui a une part sombre, de sa mère Madeleine, qui même si ses yeux sont plein de bonté ne peuvent pas suffisamment protéger ses enfants...Et surtout il y a ce petit frère, Jean, beau comme un ange, mais sourd,"pas fini selon les docteurs"...Ce petit frère que Marie aime comme un fils, mais qu'elle ne peut défendre autant qu'elle aimerait...
Ce récit est très poétique, plein de sensibilité....C'est à regret qu'on laisse partir Marie...
Merci à Netgalley et à JC Lattès pour cette belle lecture.
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