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Critique de PatSBook


Ce roman, de Norbert SCHEUER, se présente sous la forme d'un journal qui balaie une période difficile pour les allemands des campagnes, de l'hiver 1944 à mai 1945.
Egidius Arimond vit dans la région de l'Urftland à l'ouest de l'Allemagne près de la frontière belge. Ancien professeur de latin et d'histoire, il a été révoqué et stérilisé du fait de son épilepsie. Jugé comme inutile par le régime nazi, il a échappé de peu à l'exécution sommaire réservée aux malades et aux paralysés et n'a pu être enrôlé dans l'armée du Reich. Il survit tant bien que mal en élevant des abeilles pour lesquelles il se passionne et en traduisant les manuscrits latins (interdits) du moine Ambrosius, un de ses ancêtres du Moyen-Age, apiculteur comme lui.
Egidius profite de son statut d'invisible et de laborieux pour cacher des juifs dans les grottes voisines de sa demeure et qu'il connaît parfaitement depuis l'enfance. Il leur fait passer la frontière à la faveur de ses déplacements en montagne pour s'occuper de ses ruches. Leur argent, quand ils en ont, lui permet de s'acheter ses médicaments antiépileptiques que le pharmacien lui refuse souvent au prétexte qu'il est un « parasite ».
Ce texte, original et subtil, établit un parallèle entre la société des ruches où règne partage et solidarité et le régime nazi fondé sur la soumission au chef et prônant la délation et le rejet des plus faibles. de même, le vrombissement des avions anglais et américains passant au-dessus de la région résonne avec le bourdonnement des abeilles.
Riche de métaphores et d'analogies, le récit décrit un anti-héros poignant de vérité qui s'interroge sur les grandes questions existentielles et ne laisse pas le lecteur de marbre.
Poétique et rythmé par les saisons, les tâches quotidiennes et le travail des abeilles, ce texte est un hymne à la nature, aux choses simples qui permettent la mise à distance de la guerre et ses violences. L'observation minutieuse des insectes, surtout les abeilles d'hiver qui assurent la pérennité de ses ruches, aide le héros à survivre lui-même, envers et contre tous.
Un très beau roman qui montre la fin de la seconde guerre mondiale du côté des souffrances du petit peuple allemand, embarqué malgré lui dans un conflit qui le dépasse largement.
Malgré la noirceur du contexte, le lecteur suit ce texte avec aisance, rendu fluide par les pages très courtes du journal. Des crayonnés d'avions de guerre, qui se croisent au-dessus des personnages et lancent leurs bombes rythment les pages. Dans la même logique, j'aurais bien aimé observer des croquis des différentes abeilles dont il est question.
La fin est poignante et injuste saisit le lecteur et le surprend jusqu'au bout.
Belle découverte effectuée dans le cadre du jury des littératures européennes de Cognac 2021.
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