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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


« Sitôt que la lumière du vert, du rouge et du bleu se mêlent à parts égales, le blanc nous apparaît. » (Théorie des couleurs de Helmholtz – en épigraphe du roman).

Trois couleurs pour en créer une quatrième, trois chapitres et un autre en guise d'épilogue pour raconter une histoire entre réalité et apparence.

Vert. Sebastian von Eschburg est issu d'une famille de l'aristocratie allemande déclassée depuis quelques générations déjà. Dans ce milieu où « les enfants n'avaient encore jamais fait l'objet de tous les soins », Sebastian grandit livré à lui-même, introverti, entre une mère indifférente et un père qui finira par se suicider, faisant et défaisant sans cesse sa maigre valise entre le manoir familial et le respectable pensionnat suisse dont la bibliothèque lui est un refuge. A 18 ans, il part à Berlin, en apprentissage auprès d'un grand photographe. Quelques années plus tard, devenu lui-même un photographe-plasticien coté, Sebastian n'en est pas moins un homme tourmenté, difficile à cerner pour ses quelques proches. « La beauté n'est jamais que la symétrie. (...) La beauté n'est pas la vérité. (...) La vérité est atroce ». La photographie, reproduction du réel ? Vraiment ?

Rouge. La couleur du sang, de la passion, du drame. Sebastian avoue un crime, mais le cadavre est introuvable. du point de vue du procureur, c'est néanmoins suffisant pour convoquer une cour d'assises.

Bleu. Couleur froide à l'opposé de la précédente. On change de camp, on change de focale, la mise au point se fait sur l'avocat de Sebastian, qui mène l'enquête pour démonter l'accusation avec méthode et sang-froid.
Peu à peu, la clé de l'énigme transparaît, apparaît, comme l'image qui se forme lentement sur une photo Polaroid. Comme dans un bain révélateur, la vérité, cachée dans la chambre noire de l'enfance de Sebastian, de la vie de son père et d'un vice de procédure, est révélée à la lumière.

Blanc. Clair, court, limpide, simple, pur. L'aspiration ultime ?

Après une première partie étrange, floue, presque onirique, les deux suivantes ramènent le lecteur (à tout le moins la juriste invétérée que je suis) sur un terrain mieux connu, plus tangible et concret, celui du monde judiciaire. Cette enquête pour meurtre (ou pas) nous égare avec bonheur dans le spectre des nuances de la vérité, et nous mystifie en nous faisant voir la réalité à travers le prisme des apparences. Ou l'inverse ? Jusqu'où peuvent aller l'art et l'artiste ? Dans quelle mesure peuvent-ils se jouer de la réalité pour (r)établir la (leur) vérité ?
Une certitude : laissez-vous gagner par le vertige, ce n'est pas « Tabou ».

Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Gallimard pour cette belle découverte.
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