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Critique de Pancrace


Qui est celle qui brille comme l'aurore,
Belle comme la lune,
Resplendissante comme le soleil,
Redoutable comme les bataillons ?
le cantique des cantiques, 6, 10


C'est Saraï, la femme d'Abram, dont E.E. Schmitt saisit l'histoire pour tisser une toile si fine qu'elle se referme sur moi, piégé avec ravissement dans les entrefilets romancés qui relatent telle une Bible la naissance de Babel gouverné par Nemrod roi irréductible et cruel.

Cette ville qui préfigure la vanité et la puissance malsaine des hommes à vouloir se hisser jusqu'au cieux au niveau des Dieux provoque immanquablement à qui veut y regarder de plus près un véritable « torticolis mystique ». Cette cité prodigieuse et légendaire est le nouveau théâtre à ciel et à coeur ouvert dont Naram-Sin alias Noam est, pour mon plus grand plaisir, le héros éternel et immortel.

Dans ce deuxième opus, j'ai délaissé les chasseurs-cueilleurs de l'âge de pierre qui vivent dans les cavernes pour mieux me joindre aux commerçants de l'âge de bière qui vivent dans les tavernes. Peaux contre pots. J'assiste à la fondation des marchands de Babel, surement les premiers à vendre ce qu'ils ne produisent pas. Jeff Bezos est assurément le tout-petit-petit-petit fillot de l'un d'eux.

J'accompagne activement Naram-sin sur les chemins de Mésopotamie à la rencontre de Kubaba, la reine de Kish, avec Gawan l'espion devenu son ami et, qui pour résister à Nemrod a oublié d'être une quiche. Il y laissera tout de même une grosse part de lui-même. Pardonnez cette galéjade, je n'ai pas pu résister.

Avec beaucoup d'esprit et d'intelligence, E.E. Schmidt mêle ses personnages de fiction au sein même de l'ancien testament et aborde entre autres, la polygamie, l'astronomie, le judaïsme, l'astrologie, l'architecture et l'écriture.

L'écriture cunéiforme éblouis, envoute et crée des liens. Ce procédé visant au demeurant à consigner le réel fascine et devient littérature quand il invente des histoires transmissibles qui charment et magnifient l'existence pour faire rêver sans fin.

C'est un délectable impératif de lire, une savoureuse garantie de ne jamais atteindre le bout de ses rêves, lire pour alimenter l'imaginaire, pour que les mâchoires du monde réel ne m'engloutissent pas.
Merci encore M. Schmitt, les pages de cette saga de l'humanité riches de connaissances et de songes colorés repoussent chaque jour l'échéance de ma digestion par les entrailles du globe et me procure une satisfaction sans cesse renouvelée dont je ne saurais me passer.

On n'est pas toujours responsable des sentiments qu'on suscite mais quand c'est fait délibérément avec tant d'aisance et tellement de brio, ça s'apparente au merveilleux.

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