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Critique de Haleah


Haleah
04 décembre 2014
Et si un homme désabusé par la vie acceptait de renier son humanité pour devenir une oeuvre d'art ? Et si cet homme devenait ainsi un objet à part entière, son corps modifié dans son entièreté par le travail d'un artiste prêt à tout pour rencontrer la gloire ?

Cette idée un peu folle, voire carrément absurde, c'est Éric-Emmanuel Schmitt qui l'a couché sur papier dans son livre Lorsque j'étais une oeuvre d'art. Celui-ci débute avec une scène hors du commun, le suicide imminent d'un jeune homme d'une vingtaine d'années. Si jeune et ayant pourtant déjà plusieurs tentatives à son actif, il est fermement résolu à se donner la mort, puisque la vie n'a définitivement rien à lui offrir. C'est sans compter l'apparition du dénommé Zeus-Peter Lama, grand artiste de son temps.

C'est de là que tout commence. L'artiste convainc le jeune homme de lui donner une seule journée pour lui montrer ce que la vie peut lui offrir, pour lui donner la beauté dont il a toujours rêvé, et amener l'attention d'un public sur lui, cet homme qui aura été jusque là transparent aux yeux d'autrui. Il accepte. Et il accepte également lorsque son sauveur, qu'il appellera alors par la suite son « Bienfaiteur », lui propose de lui céder son corps et sa vie afin de devenir son oeuvre. Transformé en véritable sculpture humaine, l'homme devenu objet d'art comprend rapidement son erreur ; il a comme pactisé avec le diable. Seulement, il est trop tard...

Éric-Emmanuel Schmitt nous plonge dans l'univers de l'art, avec ses extravagances et ses nouveautés toujours plus ahurissantes. Nous sommes plus précisément devenu spectateur de ce que l'on nomme le Body Art, cet art qui consiste à mettre le corps à contribution d'une oeuvre, ou à être modifié pour devenir une oeuvre vivante à part entière.
Au-delà de la mise en lumière de ce mouvement artistique très actuel, l'auteur nous fait nous poser une multitude de questions. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour l'art ? Qu'est-ce qu'est réellement l'art ? Qui définit ce qui est une oeuvre d'art et ce qui ne l'est pas ? Y'a-t-il de la beauté dans chaque oeuvre ? Un homme peut-il réellement céder son humanité au profit de l'art ? Il est ainsi question de nature humaine, d'éthique et d'art.

Lorsque j'étais une oeuvre d'art est un livre marquant. L'écriture est fluide, le vocabulaire riche, et comme dans presque tout travail d'Éric-Emmanuel Schmitt, c'est imagé et poétique, un brin philosophique. Ce fut une lecture bien agréable pour moi, et je recommande chaudement ce petit livre qui se dévore.

[Critique écrite le : 04/12/2014. Challenge Petits Plaisirs.]
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