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Critique de Cancie


Après Pièce unique que j'avais beaucoup apprécié, me voici avec en main, le quatrième roman de Alain Schmoll, La trahison de Nathan Kaplan. Ce dernier est inspiré librement et partiellement d'un fait divers ayant entraîné la mise en cause de militaires de la direction générale de la sécurité extérieurs, la DGSE, le principal service de renseignement extérieur français.
En avril 2019, par une nuit très fraîche de début de printemps, deux individus font le guet dans une vieille Land Rover. le jeune Jamil Benkha est assis au volant, comblé d'avoir été recruté comme assistant opérationnel pour une mission ultraconfidentielle classée secret-défense par Jean-Marc Démesseau, alias Tiburce, son instructeur, assis à ses côtés. Il est ultra-fier d'avoir ainsi été sollicité pour des missions de surveillance du territoire, d'avoir enfin un avenir et rêve maintenant d'en découdre avec les ennemis de la France.
Garés à proximité du portail qui donne accès à la maison de leur cible, ils ont pour mission d'éliminer un espion, un agent du Mossad, le mythique service secret israélien. Ce Juif sioniste qu'ils guettent a pour projet « d'organiser un attentat contre la France, contre les Français, et de faire porter le chapeau aux Musulmans ».
Mais est-ce vraiment la raison pour laquelle on veut se débarrasser de celui qui se nomme Nathan Kaplan ? D'autre part la DGSE dont se réclame Tiburce est-elle vraiment la commanditaire de cette opération ? Quels rôles jouent ce Patrick Lhermit, propriétaire d'un club de tir mondain, le Club des Mille Feux où se croisent des militaires, des hommes d'affaires et quelques individus moins recommandables et ce Sylvain Morino, membre premium de ce club ?
Quand le responsable de la brigade criminelle informe le Lieutenant Mehdi Mokhdane qu'il va devoir enquêter sur une affaire assez trouble et bizarre avec une présomption d'attentat et une tentative d'homicide, ce dernier se dit qu'il va falloir agir vite et avec délicatesse. En effet, l'embrouille s'est déroulée dans un quartier super chic, deux suspects ont été arrêtés et l'un d'eux prétend et n'en démord pas qu'ils appartiennent à la DGSE et qu'ils avaient une mission de neutralisation en vue d'éviter un attentat…
C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai découvert le Centre parachutiste d'entraînement spécialisé de la DGSE, à Cercottes, village du Loiret proche d'Orléans, dont la vocation est de préparer les forces spéciales françaises susceptibles d'intervenir en opération extérieure. Bien évidemment, tous ne font pas partie de l'élite que constituent les officiers et les agents du Service Action, l'une des entités les plus protégées d'une institution par ailleurs cadenassée par le secret. Il n'est donc pas très étonnant que parmi les gardes, ceux qui assurent la protection du site, les sans-grade, mal payés, un peu méprisés, l'auteur les nommant les manants, en opposition aux précédents les seigneurs, certains, les plus faibles, ceux qui manquent un peu de maturité soient tentés d'accéder à ce terrain de jeu auquel on ne leur donne pas le moindre espoir d'arriver un jour, se laissent convaincre par des individus malveillants.
Alain Schmoll, avec une maîtrise absolue, déroule une fiction absolument convaincante dans laquelle le suspense est maintenu jusque dans les toutes dernières lignes.
Il joue avec le temps de manière très habile, avec non seulement des retours en arrière dans les années mais également dans une même journée, n'hésitant pas non plus à philosopher un peu sur ce fameux temps qui passe et qui, plus il passe, passe rapidement, sans pour autant laisser trop de traces parfois, je pense à Virginie…
Il est également beaucoup question au cours du récit de la pérennité et de l'ingéniosité dont doivent faire preuve les entreprises pour rester durables et compétitives, l'innovation et la motivation du personnel en étant des clés. Allusion est faite aussi au dialogue syndical.
J'ai eu au début, je le concède, quelque difficulté avec les personnages, ceux-ci étant relativement nombreux. Mais après les avoir bien identifiés de par leurs statuts et leurs caractères bien différents, j'ai bien vite été emportée par cette aventure particulièrement rocambolesque où les enjeux financiers sont d'une extrême importance, les personnages en quête fébrile de réussite, et où la tentation est grande d'utiliser des méthodes pas très conformes aux règles morales.
La trahison de Nathan Kaplan est un polar qui, en s'inspirant d'un fait divers dans lequel le service de renseignement est mêlé à une histoire particulièrement trouble, met en scène, au coeur de la société contemporaine toujours avide de réussite et de bling-bling, et ce, avec beaucoup de psychologie, des frustrations professionnelles et des déceptions sentimentales qui vont finir par s'entrelacer faisant s'aimer et se croiser des hommes et des femmes qui, jusqu'au dénouement final surprendront le lecteur.
Je remercie très sincèrement Alain Schmoll pour m'avoir permis cette lecture absolument captivante et passionnante que je recommande fortement !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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