La série Les Enfants d'Aliel me fait penser à mon tracteur qui peine à se mettre en route mais tourne comme une horloge le premier quart d'heure passé. Il fallait que ça démarre, mais une fois ne route, qu'est-ce que ça marche bien !
Après un premier tome charmant mais bourré de maladresse, un tome 2 gommant plusieurs défauts du premier, on arrive à ce tome 3 qui les surclasse et présente une assise professionnelle.
Mieux, il est meilleur que bien des romans de fantasy que j'ai pu lire pourtant best-sellers mondiaux. (Je ne vais citer personne, mais toussoter en direction
De Saxus)
Quand je lis ce tome-là, je comprends la vidéo en rapport de LTS qui s'étonne qu'il n'existe pas de fan arts, de jeu de rôle ou autre autour de l'univers. J'aurais adoré voir des dessins d'une certaine île, et je profite de l'anecdote dessin pour préciser que la couverture de ce tome-ci est particulièrement bien trouvée
On arrive au stade où aimer ou pas relève du goût personnel et plus de la qualité même du roman.
Et sur ce point, je ris car si le petit garçon, Jaz, m'avait vraiment agacé dans le tome 1, il a porté ma partie préférée dans le tome 2 et ici encore dans le tome 3. (je suis très très client de l'ambiance de son arc, à savoir
l'ambiance troupe itinérante[/masquer)
Je pense que ce personnage illustre bien l'ensemble de la progression de l'ensemble de la série. le rythme est bien maîtrisé, les personnages évoluent. Ils traversent leurs difficultés et peines avec émotion mais sans pathos. Trop d'auteurs et autrices tendent à nous bourrer le crâne à coup de "sois triste pour mon perso, regarde comme il souffre !" Là, non, on est libres de ressentir ce qu'on veut sans injonction, et l'air de rien, c'est l'un des arts les plus difficile à maîtriser.
Je me suis aussi surpris à rire franchement à différents moments, ce qui est un art encore plus compliqué. Par exemple, en spoiler lors du cambriolage pour prendre le sceptre : la scène à laquelle assiste Carson m'a fait exploser de rire. Elle est belle, la solennité d'un roi, quand il est en privé
On s'affranchit également d'une fantasy plus classique, il y a un passage franchement extraordinaire à la rencontre d'un peuple atypique, cf ma remarque plus haut au sujet d'une certaine île. Ça m'a fait le même effet que l'arc de Jaz, à savoir que je lirais bien un roman complet là-dessus.
Bémols, car il y en a, comme dans absolument tous les bouquins du monde : même remarque que pour le tome 2 sur la longueur des chapitres. Ayant encore une fois des groupes séparés, on perd un peu la tension dans laquelle on avait été laissés au chapitre précédent. MAIS ce n'est pas non plus le premier roman du monde avec de longs chapitres, bien loin de là, donc comme dit plus haut, ce point relève de goûts persos.
Autre bémol pour moi, c'est que je pense qu'il y a trop de synalions/synalias, au sens où plusieurs restent des personnages secondaires, comme Irika ou le jeune durnach dont j'ai oublié le nom parce que j'ai une mémoire parfaitement épouvantable. Attention, ils sont sympas, ce sont des bons persos, mais comme Carson au tome 2, ils tendent à disparaître. Locus aussi est très peu présent. Je ne jette pas la pierre non plus, surtout que j'aime quand il y a plusieurs personnages : on en trouve toujours un qui nous plaît de cette façon, là où ça peut être compliqué quand on aime pas le perso principal (je ne dis pas ça pour ce roman-ci, j'aime beaucoup Lilas depuis le tome 2)
Un point aussi pour moi qui va un peu vite concerne Lilas. Je précise en spoiler : je trouve que sa romance fait un bond en avant trop rapide. J'aurais préféré qu'on reste encore un peu dans leur statut d'incompréhension mutuelle. Car au final, Lilas va vers Vionel en pensant encore qu'il s'est montré dégoûté par sa cicatrice ou ne la trouve pas à la hauteur. Nous, on sait que c'est faux puisqu'on a le point de vue de Vionel, mais elle ne le sait pas. du coup, ça m'a laissé un peu perplexe
Un autre bémol en tant que relou avec les chevaux : on trouve des « pattes » et des museau », ou on parle de soigner un abcès de pied sur des chevaux qui travaille (le cheval ne peut pas bosser s'il a un abcès ; il peut à peine marcher) A mon avis, ça a trait au fait d'avoir un petit côté didactique : « il faut savoir que les chevaux… » Je pense que s'il n'y avait pas ce ton de nous apprendre quelque chose, a passerait mieux (a priori, les chevaux ne voient pas plus leur nez que nous si j'en crois mon paint qui se tape systématiquement le nez quand il essaie de viser pour passer la nez par-dessus la porte)
Un dernier point que je voudrais relever pour conclure sur une note positive, même si mes bémols précédents sont vraiment du « chichitage » : l'évolution d'Orga : oui, on est sur du plus complexe que ce que je pensais au début quant à ses motivations. le fait d'avoir débuté le tome 4 me le confirme.
(et ça me fait rebondir sur un point positif en plus, c'est que j'ai eu envie d'enchaîner alors qu'un manuscrit pour le boulot me regarde avec des petits yeux tristes)
En conclusion, j'appuierai donc ce que je disais pour le tome 1. C'est une saga à lire. Vraiment. J'ai dit que l'autrice était prometteuse et ici elle confirme. Ce volume n'a rien à envier aux plus grands. C'est prenant, enlevé, plein de péripéties (qui ne sortent plus du chapeau) On se prend à frémir pour les personnages (et qu'est-ce que j'ai aimé ceux de l'arc de Jaz !)
Vraiment top !
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