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Critique de lelivredapres


Publié pour la première fois en 2013 en édition de poche, quelques années après sa première traduction française, « le refuge des cimes » n'est pourtant pas un roman récent. Il s'agit du quatrième roman d'Annemarie Schwarzenbach, auteur originaire de Suisse allemande, née en 1908 et décédée en 1942, et dont les oeuvres, romans et récits de voyage, n'ont été publiées en français que dans les années 90 et 2000. « le refuge des cimes » était d'ailleurs considéré comme un texte perdu, auquel seuls quelques articles de journaux suisses faisaient référence, jusqu'à la découverte d'un manuscrit en 1997 à la bibliothèque de Zurich, au sein d'un legs de la maison d'édition qui avait publié deux autres ouvrages d'Annemarie Schwarzenbach. C'est d'ailleurs à partir de ce texte original qu'a travaillé la traductrice française, Dominique Laure Miermont.

« le refuge des cimes » a été écrit au début des années 1930 et met en scène des personnages de la bourgeoisie helvétique ou allemande, confrontés à des difficultés existentielles nées de la crise de l'entre-deux-guerres. Francis est l'un d'eux : expatrié une première fois en Amérique du Sud, il pense n'avoir pu saisir sa chance là-bas et rentre en Europe où le désoeuvrement le gagne. Réfugié dans une station de ski fictive au-dessus d'Innsbruck, Alptal, il attend l'événement qui lui donnera l'occasion de quitter l'inertie qui l'envahit, tout comme les autres personnages qu'il fréquente et qui, comme lui, sont à la recherche d'une voie, d'un avenir même : il y a Adrienne Vidal, dont la maladie l'oblige à rester en montagne, alibi facile pour excuser le peu d'attention qu'elle prête à son fils, le jeune Klaus. Il y a aussi Wirtz, moniteur de ski malhonnête, tricheur et menteur, Matthisel, jeune groom influençable et Esther von M., la jeune épouse d'un riche vieillard, qui noie son ennui dans les hôtels de luxe et les bars des grandes stations.

Les protagonistes hésitent à redescendre, craignant de retrouver dans les vallées la noirceur de la société. Il veulent échapper au monde d'en bas, qu'il faut fuir et combattre, tout comme l'auteure elle-même s'était réfugiée à Zürs en Autriche pour écrire ce roman, désapprouvant la montée du fascisme en Allemagne et cherchant comment lui marquer son opposition.

» (…) désormais elle savait que les montagnes sont davantage qu'un beau paysage héroïque, qu'elles dégagent de grandes forces et en libèrent dans l'être humain, le conduisant ainsi tout près des sources originelles. On y vivait comme aux premiers temps de l'humanité, dans le voisinage des vents, des aurores, des levers et des couchers de soleil, mais très loin de tous ceux qui jugent sans trop savoir du bien et du mal, de l'apte et de l'inapte, du bénéfique ou du nuisible ».

Les pages décrivant la montagne sont particulièrement évocatrices. À ces descriptions classiques, succèdent des monologues intérieurs de facture plus moderne, dont les questionnements sont toujours d'actualité. Et aussi de très beaux passages sur l'exil et la recherche d'un sens à donner à sa vie.

« le refuge des cimes » m'a d'abord frappé par son charme un peu désuet et la mélancolie qui s'en dégage. Puis il m'est apparu comme un roman transposable aujourd'hui car, si le décor a changé, les difficultés de communication et les frustrations demeurent finalement les mêmes.

« On était toujours dans l'attente de quelque chose (…). Et quand tout d'un coup tout cela arrivait, on était déçu, c'était un jour comme les autres, mis à part une heure de tension particulière. »

Une belle lecture et une auteure à découvrir !
Lien : https://lelivredapres.wordpr..
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