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Critique de Bazart


Dans la dystopie imaginée par la romancière argentine Samanta Schweblin tout le monde s'arrache les Kentuki, cette sorte de mignonne petite peluche téléguidée en forme de dragon, de panda, ou de lapin, équipée d'une caméra qui peut se déplacer partout dans votre appartement et observer absolument tous vos faits et gestes.

Les kentukis ne disent pas un mot, ils ne font que bouger et observer selon les ordres d'un autre.

Car en effet, deux solutions s'offrent au fan du kentuki : on peut soit se procurer un kentuki et le laisser déambuler dans notre maison comme bon nous semble, soit en acheter un mais pas pour nous, en souscrivant à un abonnement permettant de contrôler un kentuki au hasard dans le monde.

Et vous alors, vous préférez être celui qui observe ou celui qui se vante d'en posséder un ?

Autrement dit, que préférez vous pour combler votre solitude, le voyeurisme ou l' exhibition?

C'est une dystopie, aussi formidable qu'un bon épisode de Black Mirror, sur la manipulation du monde ultra connecté que nous propose Samanta Schwerin et les décidemment excellentes "Gallimard Monde entier," qui pour leurs 90 ans d'existence, frappent vraiment fort (après le très beau roman du vétéran Graham Swift dont a récemment parlé)

Cette histoire remet en question les limites diffuses de notre intimité tant ces petites peluches qui se promènent dans votre maison et observent votre quotidien sont bien moins inoffensives qu'elles ont l'air .

La romancière argentine utilise la forme du roman choral pour multiplier les points de vue sur cette humanité complexe, en manque d'affection et de contact , tentant par tous les moyens mis à sa disposition d'échapper à son isolement.

Le roman ausculte de façon plus chaleureuse que clinique la relation si ambivalente que l'individu d'aujourd'hui entretient avec les nouvelles technologies, acceptant de se laisser contrôler par un tiers simplement par manque de connexion avec autrui et peur de la solitude .

Si l' intrigue se déroule dans une vingtaine de pays différents, l'intrigue reste dans l'habitacle des maisons, donnant à cette ambiance confinée une résonance avec notre période actuelle qui rajoute au trouble du lecteur.

A la lisière de la science fiction, mais en conservant toujours une approche très réaliste et humaniste de son monde pas si imaginaire que cela, ce livre de l'autrice argentine Samanta Schweblin est aussi terrifiant que d'une grande intelligence!
Un incontournable de la littérature étrangère de ce début 2021.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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