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Critique de Diabolau


Je ne connaissais pas William Seabrook. C'est la quatrième de couverture, mettant en lumière quelques facettes de sa vie d'aventurier, qui a attiré mon attention.
On utilise parfois un peu à tort et à travers l'expression "sa vie est un roman". le moins qu'on puisse dire est que dans le cas de Seabrook, elle n'est pas galvaudée.
Il en livre ici les détails et souvenirs les plus croustillants, apportant des précisions entre les lignes de ses nombreux récits de voyage et reportages passés, nous avouant le contexte, nous confessant l'envers du décor qui n'était pas toujours rose.
Plus qu'une autobiographie, il s'agit d'un livre testament, écrit alors qu'il approchait la soixantaine et avait une fois de plus (et sans doute pour la dernière fois) sombré dans l'alcoolisme. À la lecture de beaux passages aux allures de chant du cygne, on n'est pas surpris d'apprendre qu'il s'est suicidé trois ans plus tard.
Pourtant, c'est tout sauf le récit d'un neurasthénique suicidaire qui nous est proposé ici, car la prose de Seabrook se fait tour à tour enthousiaste, lucide, cocasse...
Non, elle n'est pas commune, la vie de ce touche-à-tout hyperactif, de cet aventurier imprévisible, indomptable, ne tenant pas en place. de son propre aveu, il a passé sa vie à fuir ses responsabilités... mais en les fuyant, il en a paradoxalement assumé d'autres, inaccessibles au commun des mortels.
Plutôt qu'une vie rangée aux USA, il choisit d'être vagabond sans le sou en Europe. Plutôt que le confort d'un journaliste en temps de paix, il choisit de devenir ambulancier sur le front de Verdun. Plutôt que les conférences, la vie dissolue de la haute société de son temps (qu'il a embrassée autant qu'elle a fini par le dégoûter à chaque fois) et les feux de la rampe, il retourne encore et encore dans des expéditions au bout du monde, au petit bonheur la chance, vaille que vaille.
Sur lui-même, Seabrook se livre avec autodérision, avec une franchise étonnante et une lucidité confondante : son désamour pour son frère, ses perversions sexuelles, ses épisodes alcooliques, ses omniprésents doutes d'écrivain, sa certitude me semble-t-il sincère d'être au fond un bon à rien qui a réussi parce qu'il a eu de la chance (là-dessus je suis persuadé qu'il se trompe), son fameux "épisode anthropophage".
Et finalement, au bout de ces 350 pages passionnantes qui ne souffrent que de quelques petites longueurs et détails par moments sans grand intérêt 80 ans après, un sentiment plutôt inattendu qui se fait jour, malgré les efforts de l'auteur pour susciter l'inverse : l'admiration... et l'envie de me plonger dans ses récits de voyage !
Un grand merci aux éditions Rue Fromentin et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse Critique non-fiction.
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