AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Dis-moi comment tu t'appelles, je te dirai qui tu es.
Traqué par son beau-père, franquiste convaincu, Álvaro Diaz, juif espagnol, quitte l'Espagne au cours de l'hiver 1939 après de longues années d'errance, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. De l'autre côté des Pyrénées, il s'accroche à la vie, à ses souvenirs, et à un carnet noirci par sa soeur Esther. Elle y a couché leur histoire, et un secret familial bien gardé. Leur patronyme n'est pas le bon. Leur père, un héros de la guerre civile fusillé au début du conflit, s'appelait Isaac Alvares, et non Diaz, et était natif de Tanger.
Pour Álvaro, son nom véhiculait son identité. Désormais hanté par le parcours de son père et par ce patronyme originel révélé qui le bouleverse, il tente tant bien que mal de survivre, d'abord dans l'épouvantable camp de concentration de Gurs, où il reste presqu'une année dans des conditions effroyables, sous la menace continuelle du lieutenant Davers et de Buisart, le directeur du camp, puis dans la clandestinité. Le jour de votre nom est l'odyssée noire d'un nouveau juif errant, du camp au maquis, de la résistance à la déportation, quand deux destins, celui du père et celui du fils se télescopent.
J'ai rarement lu de lignes aussi fortes ces dernières années sur l'exil, l'enfermement, l'humiliation et la rage intérieure qui pousse un individu à aller de l'avant et faire ce qu'il estime juste.
« Pourquoi nous enferment-ils dans des camps, demanda-t-il?
- Parce qu'ils ont peur du déferlement. Parce qu'ils n'ont rien prévu pour nous et nous mettent en attente. Quand ils sauront quoi faire et comment faire pour nous envoyer au diable, ils nous y enverront. Moi, d'ici-là, comme beaucoup d'entre nous, je serai mort. »
La partie consacrée au camp de Gurs est particulièrement marquante. Olivier Sebban restitue sans pathos ce que fut la vie des internés dans ce lieu qui n'avait rien à envier aux camps allemands, dans la boue, au milieu des rats et des blattes, dans le froid, et la faim. Il raconte les maladies, les brimades, les brigadistes au bout du rouleau qui se pendent dans les baraques, les cadavres que l'on enterre à la hâte au petit matin.
L'errance d'Álvaro Diaz est une belle et tragique histoire servie par une trame historique très riche que je ne suis pas prête d'oublier.
Commenter  J’apprécie          8512



Ont apprécié cette critique (74)voir plus




{* *}