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Critique de philteys


Dans Masse Critique, j'ai pris pour habitude de ne sélectionner que des livres que je ne lirais pas si je les trouvais sur les étals d'une librairie, histoire de m'ouvrir quelques horizons et de tester ma curiosité. Lorsque j'ai reçu « Heavy Metal », la bande dessinée de Loïc Sècheresse, je me suis dit que je n'aurais pu choisir ouvrage plus éloigné de mes goûts pour le 8ème art.
Avec un titre pareil, je m'attendais à une bd moderne et rock'n'roll, je tombais dans une histoire médiévale reprenant l'histoire de Jeanne d'Arc. Mais attention, notre sainte pucelle est carrossée comme une belle pouliche dont les voies restent impénétrables et attise le feu des fantasmes du chevalier qui l'accompagne, le pauvre le Hire, archétype du cavalier paillard, soudard et violent. Au contact de Jeanne, à son corps défendant, il va doucement glisser dans la peau de l'agneau obéissant et admiratif.
Lorsque le destin de Jeanne sera scellé et qu'elle sera définitivement « cuite », notre preux serviteur va sombrer dans une folie autodestructrice et vengeresse. Messieurs les Anglais, gare à vos miches, ça va chauffer ? Et bien non, notre chevalier déboussolé va laisser ces combats à d'autres pendant qu'il essaye de chasser sa culpabilité : cloué au lit par une crise de chaude-pisse, il n'a pu aller sauver sa belle condamnée.
Au premier abord, le dessin apparaît tordu et embrouillé (fi de la ligne claire et d'un style vieillot !) mais, le premier stade de surprise passé, on se rend rapidement compte qu'il sert admirablement cette histoire et notamment les combats massifs et violents qui s'y déroulent à plusieurs reprises : on sent alors le « heavy metal » résonner sous le coup des lourdes épées et des fléaux, les heaumes exploser au rythme des assauts. Les couleurs sont superbes et rehaussent encore ce graphisme très expressif.
Mais ce qui ajoute définitivement ce côté « Métal Hurlant » à cet album, c'est la dérision des personnages et un humour décapant qui transparaît régulièrement dans ses pages. Par exemple, à un défenseur de cité fortifiée qui propose de faire chauffer de l'huile à l'approche des troupes anglaises, La Hire répond : « Je suis venu pour trancher du rosbif pas pour faire cuire des frites.». de plus, le langage employé est mi- médiéval, mi- moderne : on boute l'Anglais au son de « Montjoie ! » mais aussi d'un « Yault ! » que ne renieraient pas nos actuels ados pré-pubères. Et le tout, sur un rythme soutenu et sans temps mort.
Pour conclure, il faut donc abandonner ses a priori et se laisser prendre à cet album très abouti. Et on finirait presque par ressentir pour ce soudard de la Hire comme un petit pincement, même un léger souffle… de compassion et de sympathie.
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