AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 190 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Kwaku Sai, le père, d'origine ghanéenne a quitté l'Afrique pour partir aux Etats Unis. Il en est de même pour sa future femme Fola d'origine nigériane.
Ils se rencontrent et construisent leur famille (4 enfants) tout en menant à bien, pour le père, de brillantes études de médecine. Il devient même un chirurgien très réputé
Après une terrible humiliation professionnelle, tout en gardant sa honte pour lui, le père décide de rentrer au Ghana en abandonnant femme et enfants sans regarder derrière lui.

Avec en toile de fond l'Afrique, cette saga familiale est très aboutie et l'auteur y fait preuve d'une impressionnante maitrise de la langue.
Elle sait nous faire partager les émotions, les déchirements et la dislocation de cette famille.
Outre l'évocation de l'émigration, le sujet premier de ce roman est sans aucun doute l'amour avec ses complexités, mais aussi ses ruptures.
Seule la mort réunira à nouveau la famille..
Commenter  J’apprécie          230
Le ravissement des innocents est un de mes derniers coups de coeur de la rentrée littéraire 2014 de septembre dernier, que j'ai rattrapé à l'occasion de la prochaine venue de l'auteur aux Assises Internationales du Roman qui commencent bientot. Taiye Selasi dont c'est pourtant son premier roman livre d'une écriture puissante, particulièrement romanesque et à la grande puissance évocatrice, un roman qui réussit la gageure d'embrasser toute l'histoire foisonnante d'une famille ghanéenne établie aux Etats Unis.

Histoire poignante qui nous plonge au sein de la famille Sai et qui nous fait voyager de l'Afrique aux USA, suite de la chronique sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          180
Attention chef-d'oeuvre ! Ce premier roman, exigeant, est un de mes coups de coeur 2014.
L'auteur, d'une écriture très personnelle, raconte quelques jours de la vie de la famille Sai, originaire d'Afrique de l'ouest, immigrée aux Etats-Unis avant de se disséminer dans le monde. La première voix du roman est celle de Kwaku, le père, debout dans le jardin de sa villa d'Afrique, perdu dans ses souvenirs douloureux, qui ne se rend pas compte que la douleur qu'il éprouve à se remémorer le souvenir des enfants qu'il a abandonné sont en fait les symptômes de la mort qui arrive. Alternent ensuite les interrogations de ses quatre enfants et de son ex-femme : que c'est-il passé ? quels souvenirs gardent-ils de ce père disparu, des périodes qui ont suivi. Et quand la famille se réunit pour l'enterrement remontent des vérités qu'ils ont voulu occulter.

Ecriture complexe, construction alambiquée, ce roman a tout pour écarter un lecteur à la recherche de facilité. Mais en persistant quelques pages, le rythme s'installe, les évènement apparemment épars se répondent, une réalité se dessine, au gré de la compréhension du lecteur, qui peut se construire sa propre histoire...

Un roman psychologique magistral, la riche description d'un contexte culturel méconnu, une écriture talentueuse : ce roman a tout pour lui.

Commenter  J’apprécie          120
« Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour, ses pantoufles tels des chiens devant la porte de la chambre. »
Une première phrase intrigante inaugure le roman de cette jeune auteure anglaise d'origine ghanéenne et nigériane. Kweku est père de quatre enfants, tous nés aux Etat-Unis. Il est venu du Ghana, a rencontré Folà, devenue son épouse, mais on apprend qu'il l'a quittée de façon brusque, et vit désormais au Ghana, où il meurt donc, comme l'annonce l'incipit.
Ce roman possède un rythme propre, une chronologie qui est aussi une géographie, alternant vie aux Etats-Unis, départ, retour au Ghana. L'auteure dit l'avoir sciemment écrit en trois mouvements comme une symphonie : la première partie est semblable à un morceau de jazz, il est normal qu'on s'y perde un peu entre tous les personnages et les débris de leurs vies, ainsi que des drames qu'on ne fait que deviner. La seconde est un adagio, un cercle parfait, la troisième un allegro où tous les personnages jouent ensemble leur partition.
Cette lecture a quelque chose de fascinant, un rythme hypnotique, autour du thème principal, les liens qui unissent les membres d'une même famille. J'ai appris le rôle très particulier des jumeaux dans la culture Yoruba (le premier « sorti » est le plus expansif, social, le deuxième le plus intelligent). Ainsi en va-t-il des jumeaux Taiwo et Kehinde, encadrés par l'aîné Olu et la petite Sadie. La famille Sai, des paroles même de Taiye Selasi, que j'ai écoutée avec grand intérêt lors d'une conférence aux Assises Internationales du Roman, compose une sorte de patchwork, ses membres, malgré leurs tourments individuels, retrouvent une certaine unité lorsqu'un événement grave survient.
Chacun de ces afropolitains, (dérivé de cosmopolitain : être de partout et de nulle part), de la première génération ou de la seconde, souffre de sa famille, ne supporte tout simplement plus le mot famille, et réagit différemment au manque, à la solitude, aux regrets et aux rancunes accumulées. Mais heureusement, chacun a son propre refuge dans l'art, la peinture, la musique ou la danse…
Les situations vécues touchent à l'universel, et j'ai eu un mélange de plaisir et d'émotion à accompagner chaque personnage. Ce roman pourtant n'est pas des plus faciles, ne se laisse pas faire, met du temps à faire son chemin. le style y contribue en introduisant une sorte de dimension supplémentaire, de regard extérieur de chaque membre de la famille sur lui-même.
La discussion avec l'auteure autour de son roman, menée par des lycéens qui avaient choisi des mots-clefs renvoyant au livre, a été passionnante, d'autant plus que je venais tout juste de finir ma lecture. Mais je vous laisse apprécier les extraits de ce « presque coup de coeur » !

Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          100
«Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour, ses pantoufles tels des chiens devant la porte de sa chambre.»

S'ouvrant ainsi sur la mort de Kweku Sai dans son jardin au Ghana, le premier roman de Taiye Selasi raconte, autour du destin de ce chef de famille défaillant face à l'injustice, chirurgien au talent exceptionnel qui a émigré du Ghana aux Etats-Unis, l'histoire des membres de cette famille dont le déracinement est source de génie et de fêlures profondes : Folásade, la «princesse pan-nigériane comme on l'avait appelée», qui a abandonné ses études de droit pour élever leurs quatre enfants, l'aîné Olu qui admire tant son père qu'il revêtira à son tour la blouse de chirurgien, les jumeaux Taiwo Et Kehinde à la beauté époustouflante, la cadette Sadie complexée par les parcours brillants de ses aînés, et enfin sa deuxième femme Ama, refuge apaisant après le retour de Kweku en Afrique.

Tendu entre deux instants irréversibles, le décès de Kweku et sa fuite des années plus tôt, lorsqu'il fut incapable de surmonter face à ses proches l'humiliation de classe à caractère raciste qui lui fit perdre son emploi aux Etats-Unis, le roman se déploie en une symphonie foisonnante.

À travers les yeux de Kweku, puis de Folásade et des quatre enfants, êtres brillants, cosmopolites et vulnérables qui se rejoignent au Ghana pour les funérailles, on reconstitue peu à peu le génie et les sentiments d'abandon et d'éparpillement des membres de cette famille qui apparaît comme un archipel d'îles, marqués par l'absence de racines connues et l'exil, par les souffrances cachées mais néanmoins transmises, et par les empreintes laissées par la fuite du père dans l'aptitude des enfants à aimer aujourd'hui.

«Ce n'est pas seulement la pauvreté de sa famille, par contraste, qui pousse Sadie à s'accrocher au Negroponte, c'est son état d'apesanteur. Les Sai sont cinq personnes dispersées, sans centre de gravité, sans liens. Sous eux, il n'existe rien d'aussi lourd que l'argent, qui les riverait à la même parcelle de terre, un axe vertical ; ils n'ont ni racines, ni grands-parents vivants, ni passé, ni ligne horizontale – ils ont flotté, se sont séparés, égarés, une dérive apparente ou intérieure, à peine conscients de la sécession de l'un d'entre eux.»

Chant célébrant des liens d'amour indissolubles au-delà du déracinement, «Le ravissement des innocents» est le premier roman d'une surdouée à l'identité et au parcours hybride comme ses personnages, remarquablement traduit par Sylvie Schneiter (Éd. Gallimard 2014).

«La jeune Ama, loyale, simple, souple, débarquée de Krobotité empestant encore le sel (et l'huile de palme, la lotion capillaire, le parfum "Carnation" évaporé) pour dormir à son côté dans la banlieue d'Accra. Ama, dont la sueur et les ronflements pendant son sommeil abolissent les milles de l'Atlantique, les fuseaux horaires et l'infini du ciel, dont le corps est un pont entre deux mondes sur lequel il marche.
Le pont qu'il cherche depuis trente et un ans.»
Commenter  J’apprécie          90
Le samedi est jour de funérailles au Ghana et c'est l'occupation principale du pays ce jour de la semaine. le roman de Taiye Selasi se construit autour d'un enterrement ghanéen. La première femme et les quatre enfants de Kweku Sai visitent un atelier de cercueils de fantaisie avant d'opter pour une crémation et laisser l'océan emporter l'urne contenant les cendres de leur mari et père. Kweku avait grandi dans ce petit village de pêcheurs au bord de la côte. Elève brillant, il avait réussi à immigrer aux USA pour y étudier et devenir un chirurgien de renom dans un des hôpitaux les plus prestigieux de Boston. Il y rencontra et épousera Fola, une nigérienne, et, parfaite incarnation du rêve américain, ils y élèvent quatre enfants, Olu, les jumeaux Taiwo et Kehinde et Sadie. Suite à une accusation infondée d'erreur médicale, il décide sans crier gare de quitter les Etats-Unis et abandonne sa famille. Il retourne vivre au Ghana, y épouse en secondes noces une infirmière, et un beau matin, victime d'une crise cardiaque qu'il aurait sans doute pu enrayer, il meurt affalé dans l'herbe encore humide de son jardin donnant sur la mer.
Taiye Selasi a donné une conférence TED très partagée où elle suggère de ne plus demander aux gens de quel pays ils sont, mais plutôt dans quelles villes, ou même dans quels quartiers, ils sont des locaux. Elle a aussi contribué à rendre populaire le concept d'Afropolitains, ces Africains qui ont beaucoup bougé dans leurs vies et sont à l'aise sur plusieurs continents. Son livre décrit chacun des membres de cette famille afropolitaine au moment où il apprend le décès de Kweku. Depuis que le père s'en était retourné au Ghana, chacun avait tenté tant bien que mal de grandir et de trouver sa voie. Olu, en fils modèle, a suivi les pas paternels en devenant un chirurgien prometteur aux Etats-Unis. Il a épousé Ling, un autre médecin, fille d'immigrants chinois. Après quelques mois traumatisants au Nigeria où leur mère les avait envoyés poursuivre leurs études secondaires en les confiant à la garde de son demi-frère, les jumeaux qui avaient toujours été fusionnels ont du mal à se parler. Taiwo est une étudiante brillante, mais, à la faculté de droit de New York, elle tombe amoureuse du doyen. Leur relation fait scandale et elle quitte l'école. Kehinde est devenu un artiste coté, mais ses bras portent toujours les marques du jour où il avait cherché à s'ouvrir les veines. Sadie, la benjamine, reste longtemps le « baby » couvée par Fola, sa maman, avant qu'elles ne rompent sèchement au moment de rentrer à l'université de Yale, rupture qui entraînera Fola à elle aussi s'installer au Ghana, sans pour autant renouer avec son ex-mari.
Les quatre enfants et Ling se retrouvent dans le même vol au départ de New-York et sont accueillis par Fola à l'aéroport d'Accra. Tout en préparant l'enterrement, ils vont se reparler, partager leurs secrets et leurs déceptions, quitter leurs peurs. J'ai beaucoup aimé ce roman, bien qu'il m'ait fallu un peu de temps pour « rentrer dans l'histoire ». Même si c'est un roman qui parle de l'immigration et du sentiment d'être à cheval sur deux cultures, je l'ai aussi apprécié au-delà de cette perspective : c'est avant tout l'histoire d'une famille, de ses espoirs et de ses attachements, de ses fractures et de ses trajectoires dont les membres se retrouvent un matin pour des funérailles – très sobres selon les standards ghanéens – au bord de l'océan.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
Commenter  J’apprécie          50
Une histoire dont on ne sort pas indemne, une famille déchirée, morcelée suite au départ du père, lui-même victime d'une injustice raciste. La mère, magnifique figure de femme à la fois protectrice, forte et parfois désarmée tente de rassembler la famille disloquée dont les membres sont tous atteints de blessures inguérissables. Ils cherchent l'origine de leurs souffrances noyées dans l'histoire familiale occultée et celle des pays qui a forgé la leur : le Ghana, fantasmé (verdoyant et luxuriant, bien qu'écrasé de chaleur, la Nigéria hostile et source de mal-être, le Nord des Etats-Unis, pays de tous les possibles qui n'a pas tenu ses promesses. Portraits attachants de tous ces personnages exceptionnels, vibrants, leurs fêlures exacerbées. C'est curieusement, la mort du père qui va enfin les réunir et les réconcilier.
Commenter  J’apprécie          50
Je dois avouer que ce roman ne m'a pas laissée indemne : réunie suite à un évènement funeste, une famille, au premier abord banale. Mais des secrets, de plus en plus troublants, des non-dits, des tensions entre les membres de celle-ci vont crescendo au fil de la découverte de chacun des protagonistes. Jusqu'à la révélation finale, acmé du sordide, qui rapproche enfin les individualités, toutes plus poignantes les unes que les autres. J'ai été prise aux tripes du début à la fin, touchée par l'histoire de chaque personnage, et j'en reste encore, une semaine plus tard, bouleversée.
Commenter  J’apprécie          40
Taiye Selasi nous offre une écriture soignée et riche mariant l'art de la description des personnages à la maitrise des émotions qui les habitent.
Voyage entre Afrique et états-unis, parcours d'une famille marqué par l'abandon du père médécin déchu à tort de son titre et qui a fuit par honte de son nouvel étât.
Une Mère Fola qui élève au mieux ses 4 enfants, Olu devenu Médecin, les jumeaux Kehinde et la belle Taiwo porteurs d'un lourd secret, et Sadie la petite dernière qui cherche sa place dans la fratrie.
la mort subite du père Kweku et un retour aux sources vont raviver les tensions et les non-dits. N'est-ce pas une occasion de résilience pour permettre à la famille de repartir en avant.
Superbe écriture poétique ou la vie au sein d'une fratrie est explorée en profondeur. Découverte d'une nouvelle auteure à suivre...

Commenter  J’apprécie          20
J'ai rencontré l'auteur à Manosque accompagnée de sa traductrice, c'est le premier roman de cette jeune romancière ghanéenne. La façon dont elle a parlé de son livre m'a tout de suite donné envie de le lire.
Au début, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, gênée par l'écriture surprenante, un peu hachée (ou est-ce dû à la traduction?) mais il ne faut surtout pas s'arrêter à ça car ensuite on est très vite happé par cette saga familiale qui nous entraine du Ghana et du Nigeria, à Boston et New York en passant par Londres...
L'histoire commence par la mort du père de famille Kweku d'une crise cardiaque, celui ci se remémore les moments importants de sa vie avant de disparaître, ensuite les révélations sur cette famille sur plusieurs générations seront finement distillées au fur et à mesure des souvenirs de chacun avec un dénouement où tout se dénoue.
Cette famille a été profondément marquée par l'abandon de sa famille par Kweku car, ce chirurgien renvoyé injustement de l'hôpital, n'est pas parvenu à partager sa honte avec sa famille et a préféré s'enfuir.
Les personnages sont riches et très bien campés. Les émotions de chaque âge sont très bien traduites depuis le nourrisson qui s'agrippe à la vie du bout des doigts jusqu'à la grand-mère qui se dirige vers la mort, un papillon posé sur le pied.
La complexité des relations familiales, le racisme, les origines, le déracinement, l'exil et l'enracinement impossible pour la première génération d'immigrants, les ruptures et les déchirements, les non dits et les secrets dans une famille sont au centre de ce roman.
J'ai quitté les personnages avec regret, ils restent longtemps dans l'esprit et nous hantent longtemps après avoir fermé le livre.
Roman très bien structuré avec de nombreux éléments secondaires (l'oiseau, le caméraman, les pantoufles de Kweku, la salle de bain comme lieu où on se prépare pour paraitre au monde mais aussi lieu où on peut être seule sans souci de paraitre...).
Texte très vivant.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (415) Voir plus




{* *}