Si tu étais dans le lit avec moi, j’irais cueillir ton souffle avec ma bouche jusqu’à t’assassiner.
Je me suis assise sur un banc. Des gens passaient. J'ai souri à un petit garçon. Il s'est retourné vers sa mère.
« C'est qui, elle, maman?
- C'est personne, viens-t'en. »
Voilà.
M*** avait épluché et coupé les oignons pour que sa douce ne se crève pas les yeux en larmes. En le regardant faire, je me suis dit que c'était aussi ça, l'amour : pleurer à ta place quand c'est possible.
Par ordre chronologique, il y eut le silence, le chagrin, l’inquiétude, l’impuissance, la colère, le vide, la fatigue, la douleur, la fragilité, la solitude, l’isolement, les tremblements, les étourdissements, le souffle court, l’anxiété, les obsessions, le flou, la perte de contrôle, les voix, les cauchemars, la peur, l’insomnie, la faiblesse, l’inertie. Chaque lésion s’empilant sur l’autre jusqu’à former ce mur épais de folie et de souffrance qu’il me faudrait démolir.
Bloc de pierre par bloc de pierre.
À l’instant où je t’en veux et te déteste, je suis une langue sale qui prononce un nom propre.
Tes saules ont grandi : ils me dépassent. Comme tout le reste.
Notre histoire est un chapelet que je récite en avalant une à une les perles de verre. Un Mon amour qui s’égrène dans ma gorge jusqu’à m’asphyxier.