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Critique de kristobalone


Comme le suppose ce titre plus long qu'à l'accoutumée, il ne s'agit pas là d'un roman mais d'un livre à classer dans cette catégorie plus confidentielle mais ô combien intéressante des essais ou écrits classés SHS, acronyme de Sciences Humaines et Sociales.

Pas de la littérature grand public à proprement parler donc, et c'est bien dommage car le moins qu'on puisse dire en guise d'introduction c'est que le grand public est très concerné par la question.

Je ne découvre pas l'autrice puisque j'avais eu le privilège de découvrir son précédent ouvrage édités par La Manufacture de livres : Chez moi vit la violence que j'avais beaucoup apprécié.

Contrairement à ce livre, Faire taire le silence n'est aucunement romancé. le style est beaucoup plus académique, universitaire, scientifique.

Mais la science dont il est question ici, sociale, touche directement à l'humain et plus précisément à cet humain immensément riche en potentiel qu'est l'enfant.

Placé dans une famille ou sévit la violence (ou au contraire issu d'icelle, voire les deux), qu'elle soit physique, psychique ou autre, ledit enfant occupe une position dramatiquement ignorée par les autorités et plus généralement la conscience sociétale.

Or l'enfant en souffrance grandira pour devenir un adulte, un citoyen, modelé dans cette violence commune. Que peut-il en advenir ?

Dans cette étude, la parole est donnée à huit travailleurs sociaux, ayant eux-mêmes ce profil malheureusement répandu d'enfant grandi dans un milieu violent.

Isabelle Seret, transmet la parole de chacun, la décrypte et tire des conclusions effarantes.

On y voit (l'apprend-on vraiment ?) comment la violence sexuelle, y compris l'inceste, est terriblement banale, répandue et immondement tue.

On y voit comment les travailleurs sociaux, les services sociaux, les gouvernements même demeurent impuissants face à l'ampleur de la tache qui consiste à prendre en charge les victimes souvent collatérales que sont les enfants dans le cadre des violences famililales.

La complexité étant encore augmentée par cette réalité évidente mais avec laquelle il est difficile de composer : chaque cas est différent et nécessite(rait) une prise en charge adaptée.

Son propos, loin de tout affect, sans qu'il soit possible toutefois de le livrer avec un parfait détachement, est agrémenté des travaux de précurseurs sociologues et assimilés. Bien qu'ils soient fort nombreux et toujours sourcés, j'ai surtout retenu les références faites aux écrits de Boris Cyrulnik dont j'ai fort apprécié la pensée.

Puissant par son propos, sa richesse lexicale et sa profonde empathie désencombrée du drama, Faire taire le silence propose davantage qu'un sombre constat : nous avons tous un rôle à jouer non pas seulement dans l'éradication de la violence domestique mais aussi et surtout dans cette propension qui est la nôtre à tous : cette capacité d'écoute, indispensable à la résilience.

Même s'il demeure évident que les étudiants en sciences sociales et les travailleurs sociaux seront les plus intéressés par ce livre de référence incontournable, il est souhaitable qu'il puisse toucher un public le plus large possible afin de peut-être modifier les consciences et amener, sinon un changement sociétale, une amélioration de la prise en charge à tous les niveaux depuis la famille jusqu'au sommet de l'état.

Lien : https://cequejendis.fr/2023/..
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