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Critique de moravia


Je pourrais dire, comme une publicité pour une boisson alcoolisée, Un Victor Serge sinon rien. Mon voeux a été exaucé lors de la dernière opération masse critique où j'avais porté mon dévolu sur ce livre de correspondance entre Victor Serge et sa compagne Laurette Séjourné.
Avant tout je dois rendre hommage au travail éditorial des Éditions Signes et Balises que je découvrais à cette occasion. Tout est fait pour que le lecteur prenne du plaisir : une belle couverture au titre rouge sang sur fond vert Véronèse qui séduit l'oeil, un format parfaitement adapté à la longueur du texte, un papier doux au toucher et surtout des notes, non pas en bas de page comme cela se fait le plus souvent, mais en marge du texte afin de rendre la lecture plus fluide. En fin d'ouvrage un glossaire des différents protagonistes facilite une meilleure compréhension.
Pour débuter, une préface d'Adolfo Gilly "Victor Serge au Mexique : le dernier exil" permet d'avoir toutes les clés pour entamer sereinement la lecture de cette correspondance.
Victor Serge, révolutionnaire opposant à Staline, exclu du parti communiste, interné dans un camp avec sa famille, puis expulsé en 1936 vers la France grâce à l'action de quelques intellectuels.
Déclaration de guerre entre l'Allemagne nazie et la France qui est vaincue. Victor Serge se réfugie alors à Marseille, en zone libre, pour échapper aux Allemands mais aussi aux agents de Staline (Trotsky est assassiné le 21 août 1940). Il sait qu'il va devoir faire vite, que son salut réside dans la fuite au-delà des mers. Aussi, dès qu'il obtient un visa pour le Mexique, il embarque avec son fils aîné, laissant derrière lui sa compagne Laurette Séjourné, sa fille, son jeune fils, qui n'ont pas encore les documents pour fuir.
Une longue correspondance va débuter. Au début, ils sont tous les deux optimistes, pensant que la séparation sera de courte durée. Mais rapidement ils vont s'apercevoir que les retards s'accumulent, que les promesses s'envolent.
"Les ennuis, les difficultés, les obstacles ont plu de façon diluvienne" écrit Victor Serge de Mexico où il est arrivé en septembre 1941. En vain il active tous ses réseaux, démarche à tout va sans succès tangibles.
Il voudrait serrer de nouveau Laurette dans ses bras, la sentir, la caresser. le désespoir le gagne, le doute le ronge quand il reste de longues semaines sans nouvelles : Est-elle encore aimante ? A-t-elle encore la volonté de le rejoindre ? Ses lettres à lui sont de plus en plus pressantes, répétant sans cesse les mêmes recommandations : " Chérie, fais le plus vite possible que tu peux, ne perds pas un jour, acharne-toi à simplifier les questions, c'est très important, c'est vital". "tu sembles ne pas concevoir les difficultés, malgré cette attente de visa qui aura pris presque un an".
Mais Laurette ne peut concevoir de partir sans les enfants. C'est son coeur qui parle alors que Victor est plus pragmatique et tente de la persuader de venir seule, qu'il sera plus facile de faire venir les enfants, après.
À la vérité, je pense qu'il a peur de se retrouver seul au Mexique et que la porte du salut se referme définitivement pour Laurette.
La dernière lettre de Victor Serge est datée du 3 janvier 1942.
Laurette ne partira qu'en février pour le Mexique avec la fille de Serge. le garçon restera chez sa grand-mère en Italie.
La lecture de cette correspondance a été pleine de tensions, d'interrogations. Pourquoi tant de difficultés administratives quand des destinées sont en jeu ?
On vit véritablement l'attente avec Victor Serge dont l'inquiétude monte crescendo.On tremble avec lui, on s'impatiente.
Un très bon moment de lecture qui va m'inciter à lire son livre écrit pendant cette période : L'Affaire Toulaev.
Un grand Merci pour Babelio et Anne-Laure Brisac des Éditions Signes et Balises pour l'envoi de ce document passionnant.
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