Attention, alerte enlèvement !
Claude Sérillon vient d'enlever mes illusions.
8 juin 1970,
Charles de Gaulle déjeune avec Franco.
A cette date le général est parvenu à muer sa défaite en retraite.
Un sentiment nouveau de liberté, je présume l'emmène à faire du tourisme, découvrir avec Yvonne l'Espagne catholique, ses cathédrales, ses sites, ses châteaux. Pays chargé d'histoire qui les fascinait. Durant son mandat, cette visite n'aurait pas été envisageable.
Après le coup de Massu, fallait y aller Franco…
Le déjeuner sera un peu lourd à digérer.
Comme si au plan politique quelque chose les rapprochait !
Qu'est-il allé faire dans cette galère ? Qu'a-t-il cherché ? : Se venger de la cruauté des urnes après son éviction ? Résoudre l'énigme de ce militaire maître tout-puissant de l'Espagne ? Accomplir un dernier acte politique, « Qu'est ce que la politique sinon la capacité de surprendre, d'aller là où même les opinions n'osent croire que ce sera possible ? »
Profond et intéressant questionnement de ce journaliste sur les raisons de ce voyage post-présidentiel. Évoquer les échanges de ce déjeuner d'où peu de choses ont filtré relèvent
d'une grande érudition et d'une belle imagination.
Pourtant, je ne suis pas loin de penser comme le disait
Charles de Gaulle lors d'un entretien :
« Les journalistes sont des gens qui sont au plus bas degré de toutes les activités de l'esprit, il faut toujours qu'ils démolissent. »
Pour moi,
Charles de Gaulle, presque 80 ans, avait la carrure pour faire face à ce dictateur et lui faire la leçon.
Mes pauvres illusions se sont envolées à la lecture de la lettre de remerciement adressée par
De Gaulle à Franco. le héros était donc faillible.
Qu'aurait-il écrit à Mao en remerciement de ce voyage qu'il escomptait faire en Chine si la mort ne l'avait pas terrassée à Colombey ?
Et qu'aurait imaginé
Claude Sérillon du contenu de la discussion du déjeuner à ne pas prendre avec des baguettes ? Que le canard laqué était fameux !