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Critique de Bouvy


Druuna semble vivre dans les limbes. Elle est attirée par une sorte de lumière qui l'aspire contre sa volonté. Druuna, malgré ses formes généreuses, semble n'être qu'une créature hétérée. Elle n'a aucun souvenir de son passé. Elle est projetée dans l'espace temps, prend conscience de son corps par la faim et la soif. Elle vit enfin sur une planète qui ressemble à la terre, avec des plaines, des mers et du soleil. Mais très vite, le charme se rompt quand elle découvre des cadavres putréfiés. C'est alors qu'un homme approche, monté sur un cheval. Druuna ne sait pas ce qu'est un cheval, elle vient d'un monde où les équidés n'existaient pas. L'homme lui parle dans un étrange dialecte que Druuna arrive à comprendre. L'homme se montre amical quand soudain, d'autres individus, qui ressemblent à des conquistadors surgissent. Ils ont deux ambitions, tuer le sauvage (c'est un indien) et capturer la jolie femme presque nue...

Ce dernier opus, qui paraît trente-trois ans après le premier "Morbus Gravis" nous fait redécouvrir la belle et opulente Druuna, juste vêtue d'un petit string froncé. L'auteur semble se régaler à tracer cette jolie paire de fesses qui a contribué, avouons-le, ce n'est un secret pour personne, certainement au large succès de la série. Notre vénus de la science-fiction et reine de la dystopie n'a pas pris une ride en plus de trente ans. Il est vrai qu'elle voyage depuis le début de la série dans l'espace temps, nous égarant dans un monde ou le présent côtoie le passé et le futur et le réalisme l'invraisemblance. Le scénario semble au début, plus profond que les tomes précédents, même si nous sentons que c'est toujours l'exhibition du, n'ayons pas peur des mots, magnifique cul de Druuna qui est le fil rouge de l'histoire. Druuna, héter, cherche Druuna chair. Druuna héter rencontre Druuna chair et fusionne. La belle retrouve alors ses souvenirs. Elle découvre aussi le monde, avec le vent, le soleil, les plaines et la mer mais aussi, malheureusement pour elle, les humains. La grande question reste : à quoi servent les humains ? Si ce n'est à s’entre tuer, à détruire leur monde. Comme toujours, les formes girondes de la belle héroïne suscitent le désir et l'envie chez les mâles de se reproduire. Mais dans ce monde où le virtuel côtoient le réel, les humains ne savent pas enfanter. Ce sont les machines qui créent le monde, sortes d'entité immanente. Alors, Druuna, pour elle, la question existentielle reste : suis-je synthétique ou suis-je de chair ? Suis-je humaine ou suis-je une machine ? Pourtant, j'ai le pouvoir des émotions, donc, je réagis en tant qu'humaine, alors, est-ce important de savoir si mon corps est lui aussi humain ? Ce dernier épisode nous noie un peu dans l'excès de dialogues qui ne sont pas toujours opportuns mais dès le départ, nous savons que Paolo Eleuteri Serpieri prend d'abord plaisir à dessiner et érotiser son héroïne devenue l'icône de la bande dessinée érotico fantastique. Ce serait mal venu de critiquer cet état de fait en refermant le cinquième tome car depuis le début de la série, c'est le charme de Druuna qui opère, qu'elle vous ravisse ou vous agace. Nous tournons donc joliment en rond dans cette histoire qui ne nous mènera nul part si ce n'est, qu'à la fin qui n'en est peut-être pas une, Druuna semble avoir conquis l'esprit critique et le pouvoir de décision, ce qui lui permet de découvrir les joies du choix et prendre la route de la liberté.

Où je suis déçu, c'est que l'éditeur nous a offert de magnifiques numérisations en regroupant par deux les albums précédents et que pour ce dernier opus, il n'y a que l'édition papier qui est sortie. Mais je dois avouer que l'album est de grande qualité, avec une belle couverture cartonnée et de magnifiques impressions. L'histoire compte en réalité cinquante-sept pages car l'album se termine par des croquis, des esquisses et de superbes illustrations sublimant la beauté de Druuna. Dommage que je vais devoir le ranger dans ma bibliothèque à l'abris de certains regards indiscrets.

Conclusion, Druuna, si vous êtes aficionados, jetez-vous sur cet album, si elle vous agace, passez votre chemin...
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