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Critique de thedoc


A travers l'histoire de Tina, Catherine et Célia, « Le coeur des louves » offre un magnifique portrait de femmes, du lendemain de la seconde guerre mondiale à nos jours.
Le récit débute avec Célia lorsque, de nos jours, la jeune fille s'installe à la fin de l'été dans la maison de sa grand-mère décédée, Tina. Sa mère Catherine, écrivaine, doit la rejoindre dans quelques semaines. Célia redécouvre le village où elle passait autrefois ses vacances d'été. Perdu au fond de la vallée, entouré de forêts et et montagnes, le village n'a pas changé, ni ses habitants vivant toujours au rythme de la scierie. Il n'y a pas grand-chose à faire là-bas et Célia arpente de nouveau les sentiers forestiers où sa grand-mère la menait, à la recherche de plantes. Au gré de ses souvenirs, Célia se remémore les moments passés avec cette femme, rude et secrète, que les habitants craignaient et considéraient un peu comme une sorcière. Entre réalité et superstitions, entre secrets et mensonges, Célia va devoir dénouer de nombreux fils pour comprendre tout ce qui lie sa grand-mère à ce village et y trouver sa propre place.

Deux récits s'alternent pour donner corps à l'histoire de Tina et de Célia : d'un côté le carnet rédigé par Tina à la première personne, d'un autre le récit à la troisième personne concernant la vie actuelle de Célia. C'est à la lecture du premier que de nombreux secrets se dévoilent, plongeant le lecteur dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler celle dépeinte par Philippe Claudel dans « Les âmes grises » ou encore « Le rapport de Brodeck ». Des secrets bien gardés, des drames, des personnages rudes et repliés sur eux-mêmes, un fond historique… le tout mêlé dans ce roman à des contes superstitieux. L'histoire de Tina et Célia (celle de Catherine, la mère, est finalement plus en retrait) met en avant les multiples blessures et traumatismes des femmes, lorsque les hommes décident d'en faire leur proie. Pour autant Célia, tout comme sa grand-mère à son époque, ne veut pas être une victime. A la violence des hommes, à leurs abus physiques et moraux, la volonté et la pugnacité des femmes sont les plus fortes.

Stéphane Servant nous offre ici un roman très brillant, foisonnant et envoûtant. Le style très poétique et les chapitres consacrés aux louves plongent le lecteur dans un monde où la nature et le monde animal sont mis en exergue. On sent les plantes, on court avec les louves. Un seul bémol : le récit aurait pour ma part gagné en concision. Quelques lenteurs au début, puis trop de longueurs dans certains chapitres, et puis aussi peut-être une trop grande accumulation de secrets… Mais cela reste vraiment un point négligeable face au talent de conteur de Stéphane Servant. Un auteur à suivre.
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