AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric75


My goodness ! était-il indispensable de poster cette 318ème critique sur Babelio ? On peut s'interroger vu l'engouement babélien et blogosphérique à propos de ce livre, car on peut supposer la messe dite, le calice bu jusqu'à la lie et la tourte aux épluchures depuis longtemps refroidie. Mais mon challenge ABC, de connivence avec ma PAL, m'infligeait ce choix cruel : à la lettre S, il me fallait décider entre La couleur des sentiments de Kathryn Stockett et le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer (deux achats en dehors de mes sujets de prédilection habituels et dictés par une curiosité mal… une grande ouverture d'esprit !). Après abandon par KO dès le second chapitre du Kathryn Stockett (mais la partie n'est que remise), j'ai vaillamment attaqué le Mary Ann Shaffer en passant outre l'appréciation d'Anna Gavalda venue en renfort, ce qui me faisait craindre le pire.

Finalement, quelle belle surprise !

Il y a en effet de quoi être conquis, et je ne reviens pas sur la délicatesse, la confusion des sentiments et l'insoutenable légèreté de l'être (j'ajoute ça pour tester les étiquettes automatiques de Babelio) qui ponctuent toute romance digne de ce nom : on taquine ici le top niveau.

On peut trouver à ce roman bien d'autres sujets d'intérêt : le contexte historique de l'occupation allemande des îles anglo-normandes (l'évacuation des enfants, la position de Churchill et le rôle du SS Vega…), la réaction des habitants face à l'occupant, mais aussi le prosélytisme littéraire visant une population a priori peu encline à lire Catulle et Marc Aurèle, avec effet comique assuré, et surtout, le pari osé d'un édifice utilisant à 100% le matériau épistolaire.

Les lettres se suivent et ne se ressemblent pas, les sujets se répondent et rebondissent les uns sur les autres, pour former peu à peu une construction extrêmement cohérente. Par ailleurs, le regard externe et désynchronisé sur les événements, la variété des points de vue, les ellipses, la concision et la brièveté des anecdotes racontées dans ces lettres, d'une grande force évocatrice, laissent une place importante à l'imaginaire du lecteur. On reste surpris devant l'efficacité d'un tel procédé.

Malgré certains sujets graves (disparition de proches, traumatisme des camps, bombardements et villes transformées en champs de ruines…) l'optimisme et la solidarité sont de mise pour faire face aux pires des situations, et l'ensemble reste croustillant et léger, à l'image des épluchures de patates frites, finalement pas si indigestes, car on a évité le navet.
A consommer sans modération !
Commenter  J’apprécie          30029



Ont apprécié cette critique (234)voir plus




{* *}