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Critique de Darkcook


D'un tout autre niveau que Titus Andronicus! Les trois premiers actes sont extraordinaires, et j'ai eu l'impression que c'était la meilleure pièce de Shakespeare que je lisais depuis la grande époque de mes découvertes de la Tempête, Roméo et Juliette, Macbeth, Othello...

L'écriture est un régal, et l'on retrouve tous ces personnages perpétuellement philosophes et poètes, qui font le succès et l'intemporalité du grand William. le contenu déjoue encore mes prévisions : Je ne connaissais César et Brutus que par le fameux "Tu Quoque Filii!", et pensais assister à une tragédie père/fils tourmentée. Ce n'est pas vraiment ça : Tout un groupe de conjurés veut faire tomber Jules César, avec des motivations diverses, qui relèvent en fait du théorique. Ils contestent surtout sa persona omnipotente divine, mégalomane, le culte autour de lui, et développent tout un argumentaire autour du tyran à défaire qui, comme d'habitude, multiplie les citations toujours magistrales en 2018. Ils agissent par prévention, dans le but d'éviter une ascension trop écrasante et il y a somme toute peu d'exemples concrets d'exactions injustes de César qui les pousseraient à l'insurrection... Mais quoi de plus normal, chez Shakespeare, qu'une conjuration métaphysique?

César est représenté par ailleurs de façon comique, certains critiques le qualifient de sénile, mais ses rares apparitions (car le personnage demeurera secondaire dans la présence) le laissent davantage paraître sur le déclin que détenteur de velléités autoritaires à empêcher! Brutus, lui, est dépeint comme influencé et entraîné progressivement dans le groupe par Cassius, mais véritablement préoccupé par le bien de Rome... Lorsqu'il décide, contre Cassius, de laisser Antoine en vie, on se doute de la suite de la tragédie qui va s'accomplir. Un certain nombre de scènes sont très marquantes, comme les discussions des conjurés, particulièrement la réunion nocturne sous les étoiles chez Brutus, le meurtre, les répliques d'Antoine pleurant César ou s'adressant au peuple... À ce dernier sujet, il y a un passage fameux où l'on voit la plèbe agir totalement en girouette sous l'effet d'un orateur! le parallèle avec notre époque et les médias de masse est inévitable...

En bref, j'ai adoré, et retrouvé William Shakespeare par rapport à Titus Andronicus, même si les actes IV et V sont moins marqués par le trait de génie. Cette révolution purement d'ordre intellectuel, et qui aboutit évidemment au chaos, est un spectacle toujours stimulant.
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