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Critique de PhilippeCastellain


Pour moi (n'en déplaise à Nastasia) ‘Le Songe d'une nuit d'été' est la reine des pièces de Shakespeare. La plus originale, la plus folle, la plus étrange. Trois mondes s'y entrechoquent : celui des nobles, celui des artisans, et celui des fées. Et qu'on ne s'y trompe pas : les deux premiers sont aussi étrangers l'un à l'autre que du troisième. Ils se côtoient, se frôlent, mais en temps normal Bottom et ses amis sont aussi invisibles aux yeux du roi qu'Obéron et ses féaux.

Le monde des fées est purement l'invention de Shakespeare. Il l'a créé en fusionnant trois sources d'inspirations différentes : Obéron vient de la geste du chevalier Huon de Bordeaux, Titania de la mythologie grecque, Puck du folklore populaire. Mais ce ne sont pas que les personnages ; les ambiances fusionnent également. Est ainsi matérialisé et tiré dans la littérature un monde de croyances populaires. Kipling l'approfondira avec ‘Puck of pook's hill', oeuvre étonnante et peu connue. Mais c'est, je crois, la première fois qu'un écrivain crée de toute pièce un univers de fiction.

Nick Bottom et ses camarades sont tournés en dérision : de braves gens, pleins de bonne volonté mais ignorants et incultes, dont la « farce grossière » n'est bonne qu'à distraire les nobles un moment, comme aujourd'hui on regarde un nanard pour rire de ses incohérences. Mais leurs plaisanteries sont sans méchanceté, et ils sont touchés de tant de bonnes intentions.

Une triple histoire amoureuse prend place dans ce cadre. Puck, petit lutin farceur, se voit confier les fonctions de Cupidon, et s'en acquitte bien mal. Confusions et triangles amoureux étaient déjà classiques, mais Titania amoureuse d'un homme à tête d'âne, c'est l'amour ridiculisé ! Une métaphore d'Élisabeth Ière et de ses (probables) amants, souvent d'un rang social bien inférieur au sien ? La « reine vierge » n'était plus si populaire à la fin de sa vie... Dans ce cas, Obéron n'est nul autre que le bon peuple anglais, son seul et véritable amour !

Tout finit bien. L'amour triomphe, Obéron et Titania se réconcilient, les hommes du peuple sont récompensés de leurs efforts. À l'image de leur pièce, rien n'est vraiment tragique.
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