Je dois avouer que le début de "
Stupeur" de
Zeruya Shalev m'a légèrement déçu.
Je l'ai trouvé à la fois confus et répétitif surtout pour une des meilleures écrivaines de son pays.
Ce n'est que lorsque l'implication historique des relations entre les personnages principaux est évoquée que le récit prend une toute autre allure.
Cette implication historique remonte à la Palestine sous mandat britannique et juste avant la fondation de l'État d'Israël et plus particulièrement sur le rôle du mouvement paramilitaire sioniste Lehi ("Lohamei Herut Israël ") ou Combattants pour la liberté d'Israël, aussi connu comme le groupe
Stern, d'après le nom de son fondateur Avraham
Stern, appelé également "Yair". Ce
Stern d'origine polonaise, né en 1907, était un brillant élève, qui était persuadé qu'il fallait chasser les Anglais de Palestine par tous les moyens, même violents. Il fut tué par un officier britannique en février 1942. Après sa mort le Lehi a continué son combat jusqu'en 1948 et fut dissous après l'assassinat du comte
Folke Bernadotte, le médiateur de l'ONU, le 17 septembre 1948.
Sur ce mouvement existe un intéressant ouvrage de
Natan Yalin-Mor "Israël, Israël... Histoire du groupe
Stern" de 1968.
Longtemps après la création d'Israël les activités du Groupe
Stern, à cause de leur extrême violence, sont restées un sujet fort controversé parmi les Israéliens et c'est cette réalité qui forme à la fois l'arrière-plan et le point central du roman de
Zeruya Shalev.
Le lien des 2 protagonistes principaux, la nonagénaire Rachel et la cinquantenaire Atara se réfère justement à cette période de lutte en 1948 et plus particulièrement aux conséquences interhumaines de cette extrême violence.
Compte tenu du résumé un peu trop révélateur sur la quatrième page de couverture, à mon avis, je veux juste souligner la maîtrise étonnante de
Zeruya Shalev dans son approfondissement psychologique de personnes confrontées à des choix fondamentaux en temps de crise.