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Critique de Marcuyttendaele


Un grand livre, riche, foisonnant, magnifiquement conduit entre le passé et le présent, à travers deux femmes que tout en apparence éloigne et qui sont indéfectiblement liées par les silences, les rendez-vous manqués et les culpabilités, tant les leurs que celles des autres. Zeruya Shalev aurait d'ailleurs pu titrer son roman « Culpabilité » ou « Incompréhension », même si « Stupeur » a tout son sens. Atara vit sa vie avec le poids d'un rendez-vous manqué avec son père qui croyait-elle la détestait, dont elle souhaitait la mort, alors qu'elle était simplement pour lui l'image de la culpabilité, de la déchirure. Culpabilité d'un combat politique abandonné, culpabilité d'un amour atrophié pour Rachel qu'il brisa lui-même sans aucune explication et qui le hanta jusqu'à la mort. Atara quant à elle vit avec la culpabilité de s'être laissé emporter par un amour qui l'a conduite à briser un couple, à fragiliser sa fille et qui l'a empêchée de vivre totalement son amour pour l'homme qu'elle va perdre trop tôt, trop vite. Culpabilité de ne pas avoir fait demi-tour pour le sauver, refusant de se laisser distraire par sa quête d'identité, préférant comprendre le passé plutôt que de sauver le présent. Et Rachel, si vieille, marquée à jamais par sa jeunesse combattante au Lehi, le groupe Stern, qui en a fait une chape de plomb pour ses enfants, l'aîné délaissé qui ne peut lui pardonner son manque d'amour et le plus jeune qui fait le choix de la religion. Cette religion qui est là comme une voie de secours de ceux qui cherchent coûte que coûte une main tendue que la vie ne leur a pas offert naturellement. Atara et Rachel, confrontées l'une comme l'autre, à l'incompréhension de ce choix que font leurs enfants, un choix qui leur est si étranger. Et voilà la stupeur, la vie nous échappe, les nôtres nous échappent. le temps n'attend pas. le singulier prime le pluriel et aimer les siens est bien de s'en accommoder. Zeruya Shalev décrit avec une force inouïe le deuil. Chacun, chacune fait comme il peut, porte son enfance ou son passé, fait des choix, pas forcément les meilleurs et traverse la vie en essayant maladroitement de se réconcilier avec soi-même d'abord, avec les autres ensuite. Un grand roman sur la nature humaine, sur la sensibilité de chacun, sur la vanité des engagements, sur les défaites personnelles ou collectives qu'il convient de surmonter et une leçon de vie : le temps n'attend pas. C'est cela la stupeur
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