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Critique de ASAI


Dernier tome de la trilogie de Quatre générations sous un même toit. Où le patriarche, celui qui veut absolument que quatre générations vivent sous son toit, vieillit, maigrit, souffre, enterre des morts qui mettent en péril son dogme des quatre générations sous le même toit, mais il survit à tout. Emblème de la Chine millénaire ? je me suis posée la question. Mais ce troisième et dernier tome est le plus triste, alors même qu'il se termine par la défaite, la capitulation du Japon (septembre 1945), et donc la libération de la Chine de son occupant d'une cruauté sans limites.
Ce troisième tome, le dernier, est le plus triste pour au moins deux raisons. La première est qu'en peu de pages, dès le début du volume, Lao She, indique que c'est la fin. Il ne laisse la porte ouverte sur aucune issue positive. Les gens meurent peu à peu, chacun à leur tour. C'est d'une tristesse. Les personnages qui avaient animé les volumes précédents s'éteignent, meurent, disparaissent, injustement, cruellement. Nous ne sommes plus aux règlements de compte du volume précédent. Qu'a voulu dire Lao She ? La Chine s'éteint , ses meilleurs représentants, ceux qui incarnaient cette Chine millénaire, sont voués au néant ? Là est la première raison de ma tristesse.
La seconde est que j'ai le sentiment très fort (sans connaître la genèse de l'oeuvre mais tout en ayant lu quelques articles) est que ce troisième tome est inabouti, ou, inachevé, écourté (ça c'est sûr) ou abandonné.
Il est - de mon point de vue - moins bien écrit. Certes, j'ai retrouvé le style imagé, souvent truculent (les descriptions de certains personnages sont à couper au couteau, et parfois d'une méchanceté, certaines situations sont magnifiquement racontées avec mille couleurs), mais néanmoins il me reste une impression de "inachevé" ou "à la va vite".

Et ce qui malheureusement conforte cette impression est la lecture des derniers chapitres. Si je suis sévère, je dis que c'est mal torché, on se débarrasse et on n'en parle plus, tant par le style que sur les personnages (ils sont abandonnés par l'auteur).
Si je suis bienveillante, je me dis que l'auteur laisse la porte ouverte à l'imagination du lecteur qui terminera les histoires des personnages, mais ca fait un paquet.
Il n'en résulte pas moins que nous avons suivi (avec quelque frustration à la fin) le cheminement de magnifiques personnages inventés par Lao She. Ruixuan, son épouse (ma préférée), le poète. Et ces abominables traîtres, mais nous suivons leur déchéance et avec l'auteur nous nous en réjouissons, il ne leur accorde aucun pardon, car ils ont participé à l'anéantissement cruel, la mort injuste, de victimes qui n'avaient rien demandé.
Cette lecture est indispensable si on veut comprendre et la démarche de son auteur et comprendre un tout petit peu cette grande Chine.
Mais je suis désappointée. En manque d'une suite.
Néanmoins ce que j'ai aimé, c'est :
la dignité des personnages, certains, une dignité à toute épreuve, l'épreuve de la guerre, de l'occupation ennemie, de la famine. Une dignité conservée contre une tentative d'indignité imposée.
la défaite de l'ennemi oppresseur ne signifie pas la victoire de l'ennemi opprimé. le Japon capitule, mais que gagne le peuple de Chine ?
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