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Dernier tome du roman, l'occupation Japonaise se termine avec la famine à l'intérieur de Pékin.
Dans le roman, Lao She a su maintenir l'intensité dramatique jusqu'au bout du roman.
Cette intensité qui monte crescendo, ressemble au scénario du Titanic de James Cameron, la fin est très Hollywoodienne, et les dernières pages sont très émouvantes.
Le personnage principal, « l'ainé », malgré son indécision, finit par être sympathique au lecteur, Lao She se sert du personnage pour passer des messages de patriotisme et d'humanisme, dans un style très doux ce qui m'a beaucoup plu.
Dans ce troisième tome, Lao She manipule, encore plus que dans les tomes précédents, un humour cinglant contre les traites. Je reste indécis sur les raisons de cet humour : est-ce une vengeance, un moyen de relâcher la tension dans le vacarme de la guerre, ou prévenir les tentations de traîtrise du lecteur…
En plus de révéler la situation de Pékin durant la guerre Sino-japonaise ( 1937-1945)
Quatre générations sous un même toit, reste une l'histoire d'une famille qui ne se parle pas même avec bienveillance, de peur de froisser l'autre ; et son histoire avance avec des non-dits.
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Dernier tome de la trilogie de Quatre générations sous un même toit. Où le patriarche, celui qui veut absolument que quatre générations vivent sous son toit, vieillit, maigrit, souffre, enterre des morts qui mettent en péril son dogme des quatre générations sous le même toit, mais il survit à tout. Emblème de la Chine millénaire ? je me suis posée la question. Mais ce troisième et dernier tome est le plus triste, alors même qu'il se termine par la défaite, la capitulation du Japon (septembre 1945), et donc la libération de la Chine de son occupant d'une cruauté sans limites.
Ce troisième tome, le dernier, est le plus triste pour au moins deux raisons. La première est qu'en peu de pages, dès le début du volume, Lao She, indique que c'est la fin. Il ne laisse la porte ouverte sur aucune issue positive. Les gens meurent peu à peu, chacun à leur tour. C'est d'une tristesse. Les personnages qui avaient animé les volumes précédents s'éteignent, meurent, disparaissent, injustement, cruellement. Nous ne sommes plus aux règlements de compte du volume précédent. Qu'a voulu dire Lao She ? La Chine s'éteint , ses meilleurs représentants, ceux qui incarnaient cette Chine millénaire, sont voués au néant ? Là est la première raison de ma tristesse.
La seconde est que j'ai le sentiment très fort (sans connaître la genèse de l'oeuvre mais tout en ayant lu quelques articles) est que ce troisième tome est inabouti, ou, inachevé, écourté (ça c'est sûr) ou abandonné.
Il est - de mon point de vue - moins bien écrit. Certes, j'ai retrouvé le style imagé, souvent truculent (les descriptions de certains personnages sont à couper au couteau, et parfois d'une méchanceté, certaines situations sont magnifiquement racontées avec mille couleurs), mais néanmoins il me reste une impression de "inachevé" ou "à la va vite".

Et ce qui malheureusement conforte cette impression est la lecture des derniers chapitres. Si je suis sévère, je dis que c'est mal torché, on se débarrasse et on n'en parle plus, tant par le style que sur les personnages (ils sont abandonnés par l'auteur).
Si je suis bienveillante, je me dis que l'auteur laisse la porte ouverte à l'imagination du lecteur qui terminera les histoires des personnages, mais ca fait un paquet.
Il n'en résulte pas moins que nous avons suivi (avec quelque frustration à la fin) le cheminement de magnifiques personnages inventés par Lao She. Ruixuan, son épouse (ma préférée), le poète. Et ces abominables traîtres, mais nous suivons leur déchéance et avec l'auteur nous nous en réjouissons, il ne leur accorde aucun pardon, car ils ont participé à l'anéantissement cruel, la mort injuste, de victimes qui n'avaient rien demandé.
Cette lecture est indispensable si on veut comprendre et la démarche de son auteur et comprendre un tout petit peu cette grande Chine.
Mais je suis désappointée. En manque d'une suite.
Néanmoins ce que j'ai aimé, c'est :
la dignité des personnages, certains, une dignité à toute épreuve, l'épreuve de la guerre, de l'occupation ennemie, de la famine. Une dignité conservée contre une tentative d'indignité imposée.
la défaite de l'ennemi oppresseur ne signifie pas la victoire de l'ennemi opprimé. le Japon capitule, mais que gagne le peuple de Chine ?
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Avec un talent rare, Lao She mêle la fiction à L Histoire. Mais "Quatre Générations Sous Un Même Toit" ne se contente pas d'être une fresque historique, ce roman constitue aussi une analyse minutieuse des diverses réactions que peut provoquer l'occupation de troupes ennemies sur le citoyen le plus banal.

Jamais Lao She ne se pose en juge. Il n'est pas de ceux qui, même s'ils n'ont pas vécu la période concernée, affirment de toute leur hauteur que non, jamais, au grand jamais, ils n'auraient collaboré. Bien au contraire, lui qui, pour l'avoir traversée en long et en large, connaît bien l'occupation japonaise à Pékin, dissèque les motivations les plus profondes des ses héros sans blâmer ceux qui n'ont pas officiellement pris parti pour la Résistance.

Si l'on excepte des personnages comme les Japonais ou Lan Dongyiang, que l'on peut qualifier d'irrécupérablement mauvais, les protagonistes de l'intrigue, qu'ils collaborent, résistent ou se contentent de subir, faute de moyens de se battre, sont présentés sans aucun manichéisme. Parmi eux, la Grosse Courge Rouge pour les collaborateurs et Qian Moyin pour la Résistance se révèlent d'une complexité remarquable, chacun se donnant en quelque sorte la réplique au coeur des mutations engendrées par la guerre et l'occupation.

Plus que la méchanceté pure, Lao She dénoncent avant tout l'égoïsme, la peur et la volonté de préserver son petit confort moral comme les principaux responsables du comportement de ses semblables. S'il s'attarde évidemment à analyser l'attitude de ses compatriotes, il n'en réfléchit pas moins à celle des Japonais. Les militaires sont pour lui sans pitié. Mais, si puissante que soit sa rancoeur personnelle envers l'empire du Soleil-Levant, le romancier laisse néanmoins une petite ouverture, un tout petit espoir à l'avenir du Japon en la personne du vieille Japonaise, devenue voisine de M. Qi, et qui, peut-être parce qu'elle est femme, mère et grand-mère, ne semble nourrir aucune illusion sur l'issue du conflit.

Ecrit avec une passion et une sincérité dont on ne saurait douter, "Quatre Générations Sous Un Même Toit", en dépit d'une fin un peu trop convenue (le Japon a capitulé, le Petit-Bercail accueille ses résistants survivants, le tout manquant de la flamme habituelle peut-être parce que son auteur la rédigea en anglais, pendant sa période d'exil), est l'une des oeuvres-clefs de la littérature chinoise moderne. Pour l'amateur, elle représente également un excellent moyen pour appréhender la deuxième guerre sino-japonaise, sujet rarement traité en Occident - ce qui est d'autant plus à regretter que ce conflit et la tentative d'expansionnisme effréné du Japon en Asie ne sont en fait que l'autre face de la montée du fascisme et du nazisme en Europe. ;o)
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Lao She était l'un des plus grands écrivains chinois au XXème siècle; il est mort en 1966, "suicidé" pendant la Révolution Culturelle. Son oeuvre comporte principalement des romans, dont "Quatre générations sous un même toit" est probablement le plus connu. C'est un très long roman a été écrit pendant la seconde guerre mondiale qui, rappelons-le, a commencé dès 1937 pour les Chinois: agressée par l'armée japonaise, la plus grande partie de la Chine s'est retrouvée occupée militairement jusqu'en 1945.
C'est ce contexte historique, mal connu des Français, qui sert d'arrière-plan lancinant dans le livre de Lao She. Il décrit l'indifférence et la dureté des autorités japonaises à l'égard du peuple chinois, poussé dans ses derniers retranchements et mourant littéralement de faim. le lieu où se déroule l'action, c'est un petit ensemble de bicoques dans une ruelle de Pékin (hutong) de Pékin. Les voisins s'entraident ou au contraire se surveillent; l'écrivain montre bien la juxtaposition de la mesquinerie, de la générosité, de l'égoïsme, au sein de ce microcosme. La situation devient si grave que presque tout le monde est placé devant un dilemme: rejoindre la Résistance contre l'occupant (initiative très dangereuse), ou bien survivre au jour le jour à coups d'expédients; pour manger, certains n'hésitent pas à devenir des informateurs permanents au service des Japonais. Cette atroce misère est présentée par Lao She sans porter de jugement sur les personnages. Il établit une très nette dichotomie entre "bons" et "mauvais", mais il n'accable pas ces derniers. Tout cela m'a interpellé et je n'oublierai pas le cadre historique du roman.
Le livre comporte trois tomes de grande ampleur et les personnages sont nombreux. Quoique les noms chinois soient un peu difficiles à mémoriser, le lecteur parvient bien à suivre la progression de l'action et les relations entre tous les protagonistes. L'histoire racontée, en effet, m'a semblé assez intéressante pour motiver cette longue lecture. L'écriture de Lao She, telle qu'elle transparait ans la traduction, est simple et sans recherche littéraire. C'est donc un très intéressant roman réaliste, qui ne mériterait pas de sombrer dans l'oubli.
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Ce dernier volet de la trilogie n'a pas été tout à fait achevé par Lao She. La première partie est parue en feuilleton dans la presse chinoise, comme les premiers volumes, mais la fin a été retraduite de notes rédigées en anglais par l'auteur, après la fin de la guerre. Ce qui explique sans doute pourquoi les derniers chapitres m'ont paru un peu rapide.

A ces nuances près, le roman reste parfaitement dans le ton des deux volumes rédigés entre 1940 et 1942 : on y retrouve les habitants du "Petit Bercail", une ruelle de Pékin, dans la capitale chinoise livrée à l'occupant japonais. Davantage encore que dans les précédents volumes, chacun doit choisir son camp, et en assume les conséquences. La famille Guan, qui à l'exception de la fille cadette, collabore avec les japonais, connait un sort tragique, tandis que tous luttent contre la famine dans une situation de plus en plus tendue. Quelques un(e)s s'engagent dans la résistance...

L'auteur reste au plus proche du quotidien des pékinois, suit tour à tour chacun de ses personnages, dont beaucoup disparaissent tragiquement. Grâce à cette simplicité, à la reconstitution simple des motivations des protagonistes, le lecteur se sent en familiarité avec ce petit peuple chinois, et solidaire de sa lutte.

Le roman reste en effet un ouvrage de propagande rédigé à chaud, encourageant les chinois à défendre leur patrie contre les japonais et les étrangers. Plus nationaliste que communiste, l'ouvrage fait tout de même la louange du peuple, et témoigne déjà de la prégnance du Parti Communiste Chinois dans la littérature.

Cette trilogie est un de mes coups de coeur de la décennie.
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Pour présenter les effets de la guerre et de l'Occupation, Lao She choisit trois familles principales :

1) la famille Qi dont l'aïeul est fier de pouvoir compter "quatre générations sous un même toit" dans cette ruelle du Petit-Bercail qu'il avait jadis choisie avec tant de soin pour y installer sa famille. Parmi ses trois petits-fils, un seul, Ruifeng, choisira la collaboration. Les deux autres, qu'il s'agisse de Ruixian, l'aîné, qui demeurera au foyer comme soutien de famille, ou de Ruiquan, le cadet, qui s'en ira combattre dans la Résistance, s'opposeront, chacun à sa manière, à l'Occupant.

2) la famille Qian : famille de lettrés, elle sera la plus touchée par la guerre. Quian Moyin, le grand-père poète, sera arrêté et torturé par les Japonais. Relâché, il perdra sa femme et ses deux fils et confiera sa belle-fille enceinte à un parent afin de pouvoir entrer lui aussi en résistance. Pourtant, au début du roman, M. Qian est un pacifiste convaincu, hostile à la guerre et partisan du dialogue.

3) la famille Guan : à l'exception de la concubine You Tongfang, tous ses membres serviront l'Occupant. Mais curieusement, à l'inverse du personnage de Qi Ruifeng, pour qui le lecteur n'éprouve jamais le moindre atome de sympathie, les Guan ne laissent pas indifférent. Force de la nature et pilier de la famille, "la Grosse Courge Rouge", en d'autres termes Mme Guan, dont on ne connaîtra jamais le prénom. Egoïste, hautaine, opportuniste au dernier degré, rusée mais intelligente, dotée d'un réel sens tactique, dévouée à sa fille cadette, souvent pleine de haine et de mépris pour plus faible qu'elle, elle ne cesse de fasciner le lecteur qui vit sa triste fin de manière très ambiguë, avec à la fois une forme de soulagement moral et de très vifs regrets.

Autour d'eux, gravitent différents personnages secondaires, de Petit Cui, le tireur de pousse qui sera fusillé pour l'exemple dès le premier tome, au répugnant Lang Dongyiang, type-même du collaborateur-né, en passant par Mr Goodrich, le résident anglais qui fait son possible pour aider ses amis chinois, et M. et Mme Li, voisins fidèles en toutes circonstances.
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Un dernier tome un peu tronqué : la fin a été rédigée à partir de notes de travail de Lao She qui s'est suicidé avant la fin de la rédaction de son livre. Notre père enseignant y est d'un seul coup beaucoup plus dynamique.
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Si Shi Tong Tang
Traduction : Jing-Ji-Xiao (T. 1), Chantal Chen-Andro (T. 2 & 3)

A eux trois, ces volumes de longueur inégale totalisent mille-sept-cent-soixante-quinze pages en édition de poche. C'est dire qu'il faut se sentir en mal de fresque pour se lancer dans leur lecture. Mais Lao She est un si grand romancier que, très vite, le lecteur n'a plus qu'une idée en tête : connaître jusqu'au bout l'histoire des familles vivant au Petit-Bercail.

Le Petit-Bercail, c'est une ruelle du Vieux Pékin, située au nord-ouest de la ville et dont la forme évoque celle d'une gourde. Y habitent toutes sortes de familles, des plus aisées au plus pauvres. Lao She va s'attacher à quelques unes d'entre elles et faire de ses membres les héros, bons ou mauvais, de cette douloureuse période que fut, pour les Pékinois, l'occupation de leur ville et de leur pays par les Japonais, de 1937 jusqu'à Hiroshima.

Entre la Chine, le Japon et la Corée, a toujours régné une sorte de fraternité contrariée. La première a beaucoup donné, au point de vue culture et civilisation, aux deux autres et, tout particulièrement, au Japon. Elle a été admirée en conséquence par ceux qu'elle considérait pourtant, non sans mépris, comme des "nains." Mais elle a soulevé en parallèle beaucoup de rancoeur chez les Japonais nationalistes qui cherchèrent non seulement à s'émanciper de cette tutelle culturelle mais aussi à inverser le processus et à rendre le Japon "supérieur" à la Chine - et, de manière générale, à tous les autres pays d'Asie.

La confrontation devait culminer dans l'horreur lors de ce qu'il est convenu d'appeler la seconde guerre sino-japonaise, laquelle éclata six ans après l'invasion de la Mandchourie par les troupes impériales et dura huit autres longues années, en tous cas dans la partie orientale de la Chine. Symbole de cette époque plus que troublée : le "Viol de Nankin", que Lao She n'évoque pratiquement pas puisqu'il concentre son récit sur Pékin et ses alentours immédiats, mais que nous aurons l'occasion d'évoquer dans une autre rubrique avec une fiche sur le remarquable ouvrage consacré par Iris Chang à ce crime contre l'humanité.

Pékin, c'est en effet la ville natale de Lao She, une ville où il grandit en enfant pauvre, où il fit ses études, où il commença à enseigner et aussi à écrire - la ville enfin où il mourut, énième victime de la Révolution culturelle. Dans "Quatre Générations Sous Un Même Toit", Pékin est d'ailleurs un personnage à part entière en même temps qu'elle sert de décor à l'existence comme à la mort des autres protagonistes. On la sent vivre, on respire ses parfums, on voit ses avenues et ses ruelles, ses cerisiers en fleurs et ses sophoras, ses nouveaux riches et ses mendiants - on entend battre son coeur, qui survivra à l'Occupant.
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Suite et fin du roman fleuve ''Quatre génération sous un même toit''. On suit les destins de ces quatre générations ainsi que ceux de leurs voisins du quartier Pékinois du petit bercail durant les huit années de guerre sino-japonaise (1937-1945). Dans ce troisième et dernier tome, la guerre touche à sa fin, mais pas avant d'avoir encore son lot de malheurs pour les habitants du quartier, et les habitants de toute la Chine à travers eux. le rythme ne faiblit pas, il s'accélère même un peu. Une histoire très prenante et très enrichissante sur le quotidien des Chinois sous l'occupation japonaise. On pourrait même le qualifier de roman historique. Un vrai plaisir de lecture, même si la joie n'y est de toute évidence pas souvent présente.
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