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Critique de DragonLyre


Josie Stratton est étudiante à l'université de Cincinnati, à cet âge où l'on se cherche encore et où l'on commet des erreurs en pensant avoir trouvé le grand amour. On ne peut que s'attacher à elle dès le départ. Ses failles la rendent humaine. Un soir, à la sortie d'un bar, sa vie bascule. Kidnappée par un malade mental, elle se retrouve enchaînée dans un entrepôt désaffecté. Commence alors pour elle un calvaire de presque un an, pendant lequel elle sera régulièrement affamée et violée, et mettra au monde un enfant qui lui sera confisqué par son ravisseur peu après sa naissance. Neuf ans plus tard, on retrouve Josie toujours vulnérable, jamais brisée. Elle se démène pour se reconstruire loin des journalistes et de ses questions restées sans réponse.

Le récit oscille entre ces deux périodes. Les flashbacks nous permettent de mieux appréhender l'enfer vécu par Josie, tout comme son combat pour retrouver un fils qui semble s'être volatilisé dans la nature. Est-il seulement encore en vie ? Alors qu'elle a fort à faire pour rénover et reconvertir un ancien corps de ferme en bed and breakfast, l'horreur s'invite à nouveau à sa table : une jeune femme est retrouvée morte de faim, enchaînée, son corps portant les mêmes stigmates que Josie. Zach Copeland, policier en charge de l'affaire de cet imitateur potentiel, veille dès lors à sa protection. Les épreuves, les drames, les révélations jalonnent leur parcours, et contre toute attente les rapprochent l'un de l'autre. C'est ensemble qu'ils démêleront les nombreux mystères autour de cette sordide affaire.

Si la Josie étudiante incarne le parfait exemple des erreurs de jeunesse, où l'on se fait parfois du mal en essayant d'échapper aux vieux schémas familiaux tout en en infligeant aux autres, parfois de manière involontaire, celle du présent nous démontre toute la force de l'être humain. Sa capacité à rebondir dans l'adversité, sa résilience. Josie reste traumatisée à juste titre et pourtant, elle se pose les bonnes questions, elle n'abandonne pas. Cette solitude dans laquelle elle s'est engluée pour ne pas sombrer dans la folie pose désormais les limites d'un cocon trop étroit pour lui permettre d'étendre ses ailes rognées qui repoussent enfin. Ce combat engagé contre ses anciens démons lui permettra-t-il de se libérer de ses chaînes une bonne fois pour toutes, ou sera-t-il la goutte qui fera déborder le vase de sa déchéance ?

Ce thriller m'a agréablement surprise. L'intrigue est bien gérée et Mia Sheridan parvient habilement à brouiller les pistes quant à l'identité du copycat qui contraint Josie à revivre sa séquestration dans l'espoir de sauver d'autres femmes, victimes du même mode opératoire. L'aspect New Romance m'a un peu moins convaincue. le couple Josie/Zach est attendrissant, mais après plus de huit ans passés plus ou moins coupée du reste du monde, incapable de se laisser approcher et encore moins caresser par un homme, j'ai trouvé qu'à l'arrivée, les barrières de Josie s'effondraient bien vite en regard des sévices qu'elle avait subis. de plus, bien qu'il soit conscient que ses sentiments remettent en cause son professionnalisme, Zach ne se bat pas non plus contre eux. Il cède à ses pulsions, vante la force de caractère de Josie tout en prônant une volonté inextinguible de la protéger. Il peut facilement se résumer à son complexe du chevalier blanc, et ce faisant manque parfois de profondeur. le tout reste néanmoins plausible grâce à l'empathie de Zach et aux constantes remises en question de Josie.

Au niveau du style, j'ai remarqué quelques faiblesses, comme une avalanche de "petit rire, petit sourire, petit cri, petit signe de tête, petit regard" même... L'adjectif en devenait agaçant. le verbe "continuer" est également très présent. En dehors de ces tics de langage, la plume est simple, sans fioriture. Elle va droit à l'essentiel et nous embarque sans problème dans la tête des différents protagonistes, nous livre leurs dilemmes et nous plonge en plein cauchemar sans toutefois tomber dans le gore ou le voyeurisme. de même, les scènes érotiques sont explicites sans être vulgaires ou trop invasives pour autant.

En bref, j'ai passé un bon moment entre ces pages. L'autrice joue avec nos émotions, nous montre combien, face à un traumatisme, l'être humain se relève soit plus fort, soit devient un monstre à son tour. Sans aller jusqu'à révolutionner le monde du thriller, Mia Sheridan maîtrise les codes des deux genres littéraires qu'elle exploite ici pour nous faire partager les péripéties de son héroïne si forte et si fragile à la fois.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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